Tension n «La délégation irakienne est venue avec des idées qui prendront longtemps pour être mises en œuvre» alors que «le facteur temps est très important.» C'est par ces propos que les Turcs ont exprimé vendredi, par la voix de leur ministre des Affaires étrangères, leur insatisfaction quant aux propositions émises à Ankara par les Irakiens pour lutter contre les rebelles kurdes réfugiés dans le nord de l'Irak et éviter une opération armée turque. Le ministre turc a tenu ces propos à l'issue d'une journée de discussions avec la délégation irakienne. «La Turquie veut des mesures urgentes et décisives dans la lutte contre (l'organisation terroriste) le PKK, qui se sert de ses camps dans le nord de l'Irak comme bases arrière pour ses opérations en Turquie», a ajouté le ministre. Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, est, pour sa part, resté ambigu hier soir sur la date d'une éventuelle opération militaire contre les rebelles kurdes. Il a cependant laissé entendre qu'elle avait peu de chances de se concrétiser avant qu'il ne se rende à Washington le 5 novembre pour des entretiens à la Maison-Blanche. M. Erdogan a remarqué que l'action militaire s'inscrivait dans un «processus» dont fait partie sa rencontre avec le président américain George W. Bush. «Je ne sais pas ce qui peut se passer jusqu'à mon voyage en Amérique», a-t-il cependant averti. Lors des discussions d'Ankara, Bagdad a proposé de faire surveiller les frontières du Kurdistan irakien par les forces de la coalition pour empêcher les attaques des rebelles kurdes en Turquie, selon une déclaration à la presse du porte-parole du ministère de la Défense. Bagdad a aussi proposé de «renforcer» les postes-frontières du nord de l'Irak avec la fourniture d'armes et d'équipements, pour empêcher les infiltrations du PKK sur le territoire turc. Le Parlement turc a donné le 17 octobre son feu vert à une opération militaire en Irak contre les rebelles. Une attaque du PKK qui s'est soldée dimanche dernier par 12 morts dans les rangs turcs, tandis que huit autres soldats étaient faits prisonniers, a encore accru la tension. Sur le terrain, la presse a fait état de convois incessants acheminant des munitions vers la frontière irakienne. Selon l'agence de presse turque Anatolie, des hélicoptères font le va-et-vient entre la base militaire de Yüksekova (sud-est) et la frontière pour transporter munitions et équipements militaires. Des renforts ont été dépêchés par voie terrestre et par hélicoptère dans la zone de Yesilova, où l'armée a affirmé avoir repoussé mardi dernier une attaque des rebelles venus d'Irak et «neutralisé» plus de 30 d'entre eux.