Défi n «Si les Etats-Unis disposent d'informations sur les ambitions nucléaires de l'Iran, je serai très heureux de les recevoir.» C'est par ces propos que le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (Aiea), Mohammed El-Baradei, a voulu mettre les USA devant le fait accompli, eux qui ne cessent de soupçonner les Iraniens de préparer secrètement un programme nucléaire militaire. Le patron de l'Aiea était plus direct et plus clair hier quand il a déclaré qu'il ne disposait d'aucune preuve que l'Iran avait effectivement entrepris de fabriquer une bombe atomique. «Je n'ai reçu aucune information sur un programme nucléaire militaire concret et en activité à ce jour», a déclaré M. El-Baradei sur la chaîne de télévision CNN, estimant que les récentes menaces américaines ne faisaient que jeter «de l'huile sur le feu». «Même si l'Iran essayait actuellement d'obtenir une arme nucléaire, il lui faudra encore au moins quelques années pour y parvenir», a-t-il ajouté, citant les estimations de hauts responsables américains. «Nous devons continuer de travailler par les moyens d'une diplomatie créative. Nous avons le temps. Parce que je ne vois pas d'autre solution que la diplomatie et les inspections», a insisté M. El-Baradei, estimant qu'une confrontation militaire mènerait «au précipice». Face à l'attitude de défi de Téhéran, l'apparent durcissement récent de l'administration de George W. Bush, avec l'annonce jeudi de sanctions américaines unilatérales, a ravivé le souvenir de l'escalade ayant précédé la guerre en Irak. «Il y a toujours beaucoup de points d'interrogation. Mais avons-nous vu en Iran les éléments nucléaires qui peuvent être rapidement transformés en arme ? Non. Avons-nous vu un programme actif de militarisation du nucléaire ? Non», a-t-il ajouté. Citant les progrès obtenus en Corée du Nord par la diplomatie, M. El-Baradei a aussi critiqué les nouvelles sanctions américaines contre Téhéran, alors que les six grandes puissances impliquées dans les discussions sur le nucléaire iranien doivent se réunir début novembre à ce sujet. «Je pense que tout le monde est d'accord sur le fait que les sanctions seules n'apporteront pas de solution», a-t-il déclaré, rappelant qu'il fallait aussi inclure des incitations. Par ailleurs, le directeur adjoint de l'Agence internationale de l'énergie atomique (Aiea), Olli Heinonen, est arrivé ce lundi matin à Téhéran pour une nouvelle rencontre avec les responsables nucléaires à propos des centrifugeuses d'enrichissement d'uranium. M. Heinonen a déjà eu deux séries de discussions fin septembre et début octobre avec les responsables iraniens pour faire la lumière sur les centrifugeuses de type P1 et P2, un modèle plus performant. En dehors de ces discussions, les experts de l'Aiea et de l'Iran se sont également rencontrés pour répondre aux questions en suspens. M. Heinonen doit rencontrer Javad Vaïdi, l'adjoint du secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale en charge des questions internationales.