À 30 ans, Rabiâ se retrouve dans la rue avec deux enfants à sa charge. Ses malentendus incessants avec sa belle famille l?obligent à se réfugier dans la rue. Car ses beaux-parents ont refusé qu?elle cohabite avec eux. Impuissant devant cet état de fait, son mari ne bouge pas le petit doigt pour elle. S?ensuivent alors des années d?errance et de vagabondage, durant lesquelles, elle se prostituera pour survivre. Mais accablée par la misère, Rabiâ donne naissance à un chérubin, qui décède à l?hôpital. Mais, la jeune femme sera gardée encore sous contrôle médical, car les analyses effectuées sur le nourrisson ont affirmé que la maman a contaminé son bébé par le VIH. Reniée par sa propre famille, sa belle- famille et son époux, Rabiâ baisse les bras et refuse de combattre la maladie, le regard des autres est cruel et souvent impitoyable. Aucune visite apaisante, aucune main tendue pour lui tenir compagnie, hormis les affres de la maladie qui rongent son corps. En quelques mois, la belle femme qu?elle était se transforme en épave. La maladie paralyse son bras gauche, puis droit. Par la suite ce sont ses jambes qui ne la portent plus. Elle refuse de suivre la rééducation que lui conseillent les médecins. Son système nerveux atteint, en quelques semaines, elle n?arrive plus à prononcer un mot. Impuissante, épuisée et dévorée par la maladie, son état de santé se dégrade, la mort n?est plus qu?à quelques centimètres de sa chambre. Affrontant les durs instants de la fin, une agonie prolongée, Rabiâ reçoit la visite de sa famille, sa véritable famille, mais au stade final, la pauvre femme est inconsciente et presque morte. Elle n?entend plus les paroles de son père : «Je te pardonne ma fille, je te pardonne», lance-t-il en essayant de lui faire avaler quelques miettes de nourriture. Rabiâ est déjà loin, trop loin pour entendre ces murmures paternels qui sont arrivés bien tard.