Le rêveur qui voit Moïse et Aaron ou seulement l'un d'eux, éliminera de sa propre main un tyran. On rapporte qu'une esclave de Sa'id Ibn al Mussayab a vu en rêve Moïse au pays de Cham, tenant un bâton et marchant sur l'eau. Elle a informé aussitôt Mussayab de son rêve et celui-ci lui a dit : «Si ton rêve est véridique, il signifie que (le calife) ‘Abd al Malik ben Marwân va mourir.» Comme on lui demandait à quoi il voyait cela, il répondit : «Parce que Dieu Très-Haut a envoyé Moïse pour réduire les tyrans. Et de tyran, je ne vois que ‘Abd al Malik ben Marwân !» Ce qu'il a dit s'est réalisé. Ibn Sîrîn rapporte ce récit d'Abû Bakr Ibn H'usayn Ibn Mahrân al Maqarî qui dit : «J'ai acheté une esclave que je pense d'origine turque ; elle ne parlait pas ma langue et moi j'ignorais la sienne. Les esclaves de mes amies faisaient les interprètes entre nous. Un jour, elle s'est réveillée de son sommeil en pleurant et en criant : ‘'Mon Maître, apprends-moi la Fatiha, la première sourate du Coran !''. Je me suis dit en moi-même : Ah ! la traîtresse, elle parle ma langue mais elle ne l'utilise pas avec moi !» Elle a alors raconté à mes amies : «J'ai vu en rêve un homme en colère, marchant, suivi d'un grand nombre de personnes. J'ai demandé : ‘'Qui est-ce,'' ‘'Moïse''. Puis j'ai vu un homme meilleur, avec lui un grand nombre de personnes. J'ai demandé encore : ‘'Qui est-ce ?'' On m'a répondu : ‘'Mohammed''. J'ai alors dit : ‘'Moi, je suis celui-là'' je l'ai suivi et nous sommes arrivés devant la porte du Paradis. Il est entré ainsi que ceux qui étaient avec lui. Je suis restée seule, avec deux autres femmes. Quand nous avons voulu entrer on nous a dit : «Seul celui qui sait bien réciter la Fatiha aura la permission d'entrer !» Elles l'ont récitée. Je suis restée seule. Alors, apprends-moi la Fatiha !» Abû Bakr a ajouté : «Je la lui ai apprise, avec beaucoup de peine. Aussitôt qu'elle a pu la réciter, elle est morte.»