On lit dans le chapitre du Grand Livre des rêves consacré à la vision du Prophète, le récit suivant, fait par Ibn Sirîn : «J'ai entendu Abou Bakr Ibn H'usayn Ibn Mahrân al-Maqarî dire : ”J'ai acheté une esclave que je pense d'origine turque ; elle ne parlait pas ma langue et moi j'ignorais la sienne. Les esclaves de mes amies faisaient les interprètes entre nous. Un jour, elle s'est réveillée de son sommeil en pleurant et en criant : mon maître, apprends-moi la Fatiha, la première sourate dans Le Coran !” Je me suis dit en moi-même : ”Ah ! la traîtresse, elle parle ma langue, mais elle ne l'utilise pas pour me parler !” Les esclaves de mes amis se sont réunies et lui ont dit : ”Tu disais ignorer sa langue et voilà que tu t'adresses à lui dans cette langue ! comment fais-tu ?” L'esclave a répondu : ”J'ai vu en rêve un homme en colère, marchant, suivi d'un grand nombre de personnes. J'ai demandé : ”Qui est-ce ?” ”Moïse.” Puis j'ai vu un homme meilleur accompagné d'un grand nombre de personnes. J'ai demandé encore : ”Qui est-ce ?” On m'a répondu : ”Mohammed.” J'ai alors dit : ”Moi, je suis celui-là.” Nous sommes arrivés devant une grande porte, la porte du Paradis. Il a frappé et on lui a ouvert, il est entré avec ceux qui étaient avec lui. Je suis restée seule, avec deux autres femmes. Nous avons frappé à la porte. Elle s'est ouverte et on nous a dit : ”Seul celui qui sait bien réciter la Fatiha aura la permission d'entrer !” Elles l'ont récitée et ont été autorisées à entrer. Je suis restée seule. Alors, Abou Bakr a ajouté : ”Je la lui ai apprise, avec beaucoup de peine. Aussitôt qu'elle a pu la réciter, elle est morte.”»