Résumé de la 6e partie n Le mythe du loup-garou s'est surtout développé en Europe, à une époque où les forêts étaient infestées de loups. L'homme qui change de forme, devenant animal, est la représentation la plus ancienne et la plus universelle du monstre. Et parmi ces représentations, il y a celle du loup-garou, l'homme qui, sous l'effet d'un sortilège ou alors par transformation interne, se transforme en loup… Dans d'autres cultures, il s'agit de l'homme-jaguar, de l'homme-panthère ou de l'homme-hyène, mais il s'agit toujours du même personnage : un être mi-homme, mi-bête. Le plus effrayant est que l'être métamorphosé ne l'est pas complètement : ce n'est ni un loup, ni un jaguar, ni une panthère, ce n'est pas non plus un être humain. Il tient de la bête la sauvagerie et la puissance, et de l'homme le discernement… C'est que le loup-garou, comme tout monstre issu d'un humain, garde le sens de l'entendement. Il sait qu'il fait du mal et il s'en repaît : la forme animale lui permet de satisfaire ses besoins de cruauté et de sauvagerie. Le mythe du loup-garou s'est surtout développé en Europe, à une époque où les forêts étaient infestées de loups. Comme dans le récit polonais que nous avons rapporté, les bêtes féroces, chassées par la faim, faisaient souvent des incursions dans les villages pour emporter non seulement des bêtes, mais aussi des humains. Le loup était ainsi une source de terreur et, l'imaginations jouant, on a créé l'image de l'homme-loup. La vague des loups-garous a submergé l'Europe entre les XVIe et XVIIe siècles et pour la seule France, il y a eu, entre 1520 et 1630 plus de 30 000 affaires. Dans beaucoup de cas, les personnes accusées ont été condamnées à de terribles supplices, notamment le bûcher. Mais on n'a pas attendu le XVIe siècle pour parler du loup-garou. Le nom de loup-garou est composé du français loup et du mot garou, qui vient du francisque werwolf, qui est lui-même un composé signifiant «homme-loup». Wolf a le sens de loup, mais aussi celui de «voleur». Le loup-garou est également appelé lycanthrope, mot composé à partir du grec lycos «loup» et anthropos «homme», autrement dit l'homme loup. On désigne par lycanthropie la maladie mentale qui consiste à se prendre pour un loup et à se comporter comme tel. Les Grecs croyaient à l'existence d'hommes bêtes qui hantaient certains pays. Au Ve siècle avant J.-C., Hérodote évoque une peuplade qui habitait les bords de la mer Noire et qui était capable, en usant de divers sortilèges, de se transformer en loups, de commettre leurs méfaits puis de reprendre leur forme humaine. Des voyageurs, des marins échoués sur les côtes ont eu affaire à ces monstres. Beaucoup ont été dévorés mais certains ont pu leur échapper et témoigner de leur férocité. Les Grecs croyaient également que certaines personnes se transformaient en loups ou en bêtes fauves par besoin de chair humaine : la métamorphose est, pour eux, une façon de passer inaperçus au moment de satisfaire leur horrible appétit. Ils redevenaient normaux aussitôt qu'ils reprenaient leur forme. Cette image de l'anthropophage qui se transforme en bête est représentée, dans la mythologie, par la mère d'Apollon, Latona, qui se transforme en louve. (à suivre...)