«Ayrouwen» n Un film de Brahim Tssaki, a été projeté, hier, en avant-première nationale, à la salle El Mougar. Ayrouwen, en langue targui, veut dire «il était une fois…», et il était une fois trois êtres Amayas, un homme, Mina, une femme et Claude. Les deux premiers s'aiment mais ne peuvent se marier parce qu'ils sont frère et sœur de lait. Claude, une Française, nourrit de profonds sentiments pour Amayas, et inversement. Amayas se trouve alors partagé entre deux femmes, entre deux amours. Il est attaché à son désert, à sa terre natale, terre ancestrale qui a fait de lui un homme, mais en même temps, il aspire à une carrière d'artiste, à une vie occidentale. Ayrouwen est une histoire d'amour impossible dans un désert, beau et légendaire. Un désert qui nous est livré dans sa générosité, son hostilité, sa prodigalité comme dans son dénuement, aussi bien dans sa vitalité que dans sa décadence. Un désert à la frontière souvent ténue et mouvante, entre le rêve et le cauchemar. Ce n'est pas un désert d'exotisme et de voyeurisme, mais une terre de l'authenticité. Si le film se révèle beau et féerique pour les prises de vue, à savoir la magnificence du décor – il y est montré des paysages d'une splendeur remarquable –, il se trouve cependant que l'histoire, et la manière dont elle est racontée, traîne incroyablement en longueur, créant ainsi un sentiment de malaise, de lassitude et d'impatience. Très peu de dialogue et trop de silence. Un silence pesant, insoutenable. Un vide se met aussitôt en place, nous jetant dans l'embarras, voire dans l'ennui. Le film se présente certes comme une poésie d'une certaine sensibilité, mais cette poésie – même si elle est ne dure que 80 min – apparaît longue et monotone. La seule chose qui, semble-t-il, suscite notre intérêt envers le long-métrage et nous le fait aimer – mais d'un certain point de vue –, c'est que le film a été tourné en langue targuie – hormis quelques scènes en français. Une manière de faire connaître une société à travers sa langue, qui, avec sa culture et son histoire, demeure ignorée par le Nord. Le film se veut une promotion à travers notamment des chants de l'amazighité, surtout de la culture et de l'histoire des Touareg véhiculées par une langue belle et expressive. Une langue étoffée et véhiculaire d'émotion et d'impressions. L'on est effectivement frappé par la beauté du dialogue même si nous n'en saisissons pas tout le sens. Nous n'avons d'ailleurs pas besoin de comprendre ce qui est dit – même si nous sommes aidés par le sous-titrage –, il suffit juste de se laisser susurrer, pénétrer par les sons de cette langue.