Ils ont été unanimes, les pharmaciens interrogés, à dire que cela se vend comme des «petits pains», les clients sont souvent des hommes et rarement des femmes. «Lorsque la demande est forte, nous vendons jusqu?à 50 boîtes par jour, parfois la vente régresse, mais quand même nos ventes dépassent 20 boîtes», affirme un pharmacien à Alger-Centre, en précisant que de temps à autre, des gosses rentrent au magasin avec un mot et la carte d?identité de l?acheteur, qui a préféré envoyer un enfant plutôt que de se déplacer personnellement. «Ils sont très timides et refusent de venir eux-mêmes. Dans ce cas, pourquoi ne pas les distribuer gratuitement et créer même des centres spécialisés. Les gens se protègent et pensent à le faire». Yacine, un autre jeune pharmacien, confie qu?il reconnaît les acheteurs des préservatifs sans que ces derniers prononcent un mot, il suffit juste d?un geste de la main, et il se dirige vers le coin de la boutique pour satisfaire la demande «murmurée» du client. «Souvent, ils attendent au seuil de la porte que la pharmacie se vide pour me dire de leur donner une boîte de trois ou de six, sans toujours prononcer le mot préservatif, s?ils osent le dire, ils le font tout bas. Ils font les mêmes gestes». Notre interlocuteur précise que ses amis viennent acheter discrètement les préservatifs. «Les acheteurs sont souvent des hommes jeunes, rarement d?un certain âge.» Par ailleurs, les prix varient entre 35 et 145 DA, une boîte de trois préservatifs coûte environ 35 DA, de six 60 DA et de douze 145 DA. Les marques proposées sur le marché sont d?origine belge ou italienne. Rarement algériennes. À cette question, le jeune pharmacien sourit et lance : «La qualité fait la différence, c?est plus solide et mieux présenté. Par exemple, les préservatifs étrangers sont beaux et parfumés. C?est agréable déjà à voir».