L'alerte est maximale et la population cède à la panique. Les cas de grippe porcine se multiplient en Algérie. Le bilan des décès liés à cette maladie ne cesse de s'alourdir. Un état des lieux qui n'a pas laissé de marbre la population. Cette dernière cède à la panique. Les cabinets de médecin et les pharmacies sont envahis par les malades. Ces derniers vont consulter les médecins du secteur public ou privé pour des symptômes grippaux qui ressemblent beaucoup à ceux de la grippe porcine. D'autres préfèrent aller demander aux pharmaciens des conseils sur les médicaments à prendre contre cette maladie. Certains vont même jusqu'à acheter des traitements antibiotiques, parfois même sans ordonnance. Autant de clients et patients inquiets qu'il faut rassurer et servir et qui constituent un volume de travail considérable pour ces prestataires de services. Ces derniers sont pris d'assaut au point d'être dépassés par les événements. Il suffit de se déplacer vers un pharmacien ou un cabinet médical pour le constater. Au niveau de la commune de Kouba, par exemple, presque toutes les pharmacies enregistrent un rush sans précédent. Et il faut parfois, si ce n'est souvent, attendre longtemps avant d'être servi. «Les gens cèdent à la panique, ils ont peur et c'est normal», a expliqué Mourad, un vendeur en pharmacie au niveau du Vieux-Kouba. Le même discours est tenu un peu partout à Alger et dans le reste du pays. S'agissant des produits les plus demandés par les clients, presque tous les pharmaciens avancent la même chose. Gel hydro-alcoolique, savon liquide, masque de protection et vitamines. Des produits très demandés qui induisent des ruptures de stock, au point que les clients sont obligés de faire le tour des pharmacies ou repasser plusieurs fois de suite chez leurs pharmaciens pour «espérer» trouver le fameux sésame. «Le carton gel hydro-alcoolique s'écoule en 2 heures, c'est du jamais-vu (...) ça se vend comme des petits pains», a indiqué Mohamed, un autre pharmacien au niveau d'El Biar. Hafid, un de ses clients a expliqué: «J'ai cherché partout pour en acheter à mes filles qui sont à l'école, mais impossible d'en trouver.» Face à cette pénurie, certains commandent chez leur pharmacien et longtemps à l'avance, les produits dont ils ont besoin. C'est ce qu'a expliqué Hafid: «Je me suis entendu avec mon pharmacien pour qu'il me garde un lot de 6 flacons de gel désinfectant lorsqu'il aura un nouvel arrivage.» Les médecins également ne sont pas épargnés par cette hystérie collective. La paranoïa est telle qu'une simple toux ou autre fatigue peut provoquer un vent de panique que seul un médecin peut apaiser. Seulement voilà, les médecins des centres de santé publique sont dépassés par l'ampleur de l'affluence. Certains responsables orientent carrément les malades en nombre impressionnant vers des médecins généralistes installés à leur propre compte. Au risque de voir ces derniers également débordés par l'affluence d'autres malades inquiets. «Avant, je ne commençais mon travail que vers 10 heures pour terminer vers 16 heures (...) mais depuis un mois j'ouvre à la première heure et je ne rentre chez moi que vers 21 heures», a expliqué un médecin généralise travaillant dans un cabinet privé implanté à El Biar. Et selon lui, cette tendance va aller crescendo jusqu'à ce que la campagne de vaccination de la population soit entamée.