Au lendemain du verdict de la commission de discipline de la Ligue nationale de football (LNF) en faveur du joueur de l'USM Alger, Issaâd Bourahli, qui a écopé de cinq matches de suspension seulement dans l'affaire de l'arbitre «agressé» Rabah Boukedjar, finalement désavoué et jeté au box des «menteurs», l'opinion ne cesse de commenter ce nouveau feuilleton qui entache, encore une fois, une structure dont la crédibilité est déjà entamée, la LNF d'Ali Malek. Pour avoir giflé un officiel, Bourahli s'en sort indemne à son grand bonheur et à celui de son club. L'éthique, elle, n'en sort pas grandie et le corps arbitral encore moins. Bourahli fera même son entrée hier en Ligue des champions arabe des clubs et pèse de tout son poids de joueur pour offrir la victoire à l'USMA. Un but égalisateur, un caviar pour Doucouré pour le but de la victoire, et Bourahli se refait une virginité. Tout le monde est heureux pour cette première sortie de notre représentant dans cette épreuve, y compris M. Boukedjar qui, en revanche, n'a pu cacher sa déception à la lecture du verdict de la commission de discipline. Hier encore, il déclarait : «Bourahli m'a giflé, je le dis et je le confirme et c'est la victime qui est accusée maintenant. Dommage, car cela ouvrira les portes à toutes les violences contre un corps arbitral déjà fragilisé et non protégé par les institutions qui gèrent le football.» Pour certains, cette décision est scandaleuse et constitue une porte ouverte à toutes les dérives. Et s'il s'agissait d'un autre joueur, aurait-il été traité de la même manière ? Cette question, nous l'avons posée, hier, dans les travées du stade Omar-Hamadi de Bologhine et surprise : hormis quelques chauvins supporters des Rouge et Noir qui affirment que Bourahli n'a rien fait, tous les autres ont esquissé un sourire avouant indirectement l'acte, mais surtout la «puissance» du président Allik qui, grâce à son poids et son influence, a sauvé son joueur et le club. C'est de bonne guerre, disent les fans. Mais se soucie-t-on vraiment des conséquences d'une telle affaire si demain un autre joueur, d'une région quelconque du pays, venait à agresser l'arbitre ? Les responsables du football algérien ne cessent depuis plusieurs mois de récolter les mauvais points (affaire Harkat, affaire Boussaâda, l'affaire Milia, le président de l'AS Khroub, la programmation anarchique du championnat, les deux poids et deux mesures dans le traitement des affaires…) en multipliant les gaffes et les incohérences, soit l'affichage au grand jour d'une incompétence et d'une médiocrité criantes, pour ne pas dire autre chose. Quelle sera, par ailleurs, la réaction des hommes en noir à l'issue de cette affaire ? Continueront-ils à arbitrer comme si de rien n'était ou se solidariseront-ils avec leur collègue Boukedjar ? Quelle est la position qu'adoptera un Medjiba, président de la DTNA, qui se dit souvent soucieux de la situation et de l'intégrité des arbitres ? Ce sont autant d'interrogations qui alimenteront les discussions d'un week-end électoral et pluvieux et peut-être susciteront des réactions. Peut-être. Ce n'est pas sûr, car l'affaire Bourahli est déjà classée comme toutes les autres qui l'ont précédée.