Le département d'architecture vient d'être baptisé en son nom par le président de la République. Né à Akbou en 1914, le petit Mohand-Saïd ne resta pas longtemps dans les champs comme étaient obligés de le faire les jeunes de son âge durant la longue nuit coloniale. Il releva le défi et prouva à tous que les Algériens, ces colonisés, pouvaient être de grands érudits. Il enseigna très jeune, obtint son agrégation en mathématiques à la Sorbonne et œuvra de toutes ses forces contre l'ignorance, instruisit, éduqua et accompagna des générations entières. Déjà en 1945, Kateb Yacine le cita dans la dédicace de son premier recueil de poésie qu'il lui a dédié en ces termes : «A celui qui a essayé de m'inculquer vainement les mathématiques.» Ils sont en outre des dizaines d'étudiants qui enseignent à travers les universités du monde entier qui mesurent pleinement combien est énorme la dette qu'ils ont contractée auprès de ce grand homme, véritable bibliothèque ambulante, qui a tant donné avec abnégation, avec un grand amour aussi pour la science et pour les hommes. Aoudjehane Mohand-Saïd s'est éteint le 20 mars 2007 (il avait 93 ans), un peu plus d'un mois avant la venue du Président qui a baptisé le département d'architecture en son nom. En Algérie, Mohand-Saïd a transmis le savoir dans plusieurs écoles, comme l'Ecole nationale polytechnique d'El-Harrach, l'Ecole polytechnique d'architecture et d'urbanisme (EPAU) à El-Harrach, l'Ecole des Beaux -Arts d'Alger et, enfin, l'université Saâd-Dahlab de Blida. Il a en outre écrit plusieurs livres qui sont considérés comme de véritables joyaux scientifiques. «Toute la famille tient à rendre un hommage sans bornes à celui qui avait toujours su donner sans rien demander, inculquant outre les connaissances scientifiques, l'amour du prochain, l'abnégation, le travail toujours bien fait et, chose sublime, la simplicité», nous dira un enseignant.