Méthode n Un rapport des 16 agences américaines de renseignement, rendu public hier lundi, estime que l'Iran a suspendu depuis 2003 ses efforts, pour se doter de l'arme nucléaire, mais il pourrait en être capable entre 2010 et 2015. Cette évaluation contraste avec la position de l'administration Bush qui redouble d'efforts pour faire adopter un troisième train de sanctions contre l'Iran, accusé de développer l'enrichissement de l'uranium à des fins militaires. L'opposition démocrate au président Bush s'est appuyée sur ce rapport pour réclamer une «nouvelle politique envers l'Iran» selon les termes de la présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi, tandis que le chef de la majorité démocrate du Sénat, Harry Reid, en appelait à un «sursaut diplomatique». Des responsables du renseignement américains, sous le couvert de l'anonymat, ont indiqué, hier, lundi, que de nouvelles méthodes de récolte de renseignements et d'analyses avaient été utilisées en Iran, après la dernière évaluation du programme nucléaire iranien en 2005. «Je pense que la cause immédiate, le centre de gravité (de cette nouvelle estimation) réside dans de nouveaux renseignements, qui nous ont obligés à revoir nos évaluations», a commenté l'un des responsables. De nouvelles méthodes ont été adoptées à la suite des échecs catastrophiques enregistrés en Irak. Un rapport des renseignements US de 2002, qui avait estimé à tort que le régime de Saddam Hussein possédait des armes de destruction massive, avait contribué à la décision américaine d'envahir l'Irak en mars 2003. Aujourd'hui, le bras de fer entre l'Iran et les Occidentaux inquiets de voir Téhéran développer un programme nucléaire militaire a créé des craintes au sujet d'une éventuelle intervention américaine. Or, le rapport publié lundi conclut que l'Iran est plus susceptible d'être sensible aux pressions internationales que précédemment. Le directeur de la CIA Michael Hayden et son adjoint, Stephen Cappes, ont d'abord été sceptiques sur la suspension du programme nucléaire iranien, mais ont finalement été convaincus que cela avait été possible grâce aux pressions de la communauté internationale, ont souligné des responsables américains du renseignement. Ces derniers ont également indiqué que des experts avaient examiné la possibilité que l'Iran ait monté de toute pièce un scénario afin de cacher un programme militaire. Les responsables américains du renseignement ont souligné la difficulté d'espionner l'Iran pour expliquer pourquoi il avait fallu tant de temps pour détecter un arrêt du programme nucléaire à des fins non civiles. Le ministre israélien de la Défense Ehud Barak a été le premier à contredire le rapport des renseignements américains. «L'Iran continue probablement son programme de fabrication de la bombe nucléaire», a-t-il affirmé ce matin à la radio militaire israélienne. Pour sa part, le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, a réitéré, lundi à Doha, que le dossier nucléaire iranien est «clos», ajoutant que son pays «avait le droit de développer de nouvelles énergies».