Blocage n Les entrepreneurs privés algériens hésitent, semble-t-il, à investir dans du matériel moderne et sophistiqué car ils ont peur qu'il leur reste sur les bras, vu que les Chinois raflent tous les marchés. La logique veut que quand on veut réaliser une ville moderne qui répond aux besoins d'une métropole du XXIe siècle, on doit recourir à des méthodes modernes et sophistiquées. Lors d'une visite effectuée il y a quelques mois à la nouvelle ville de Sidi Abdallah, tant promise et vantée par les autorités quant à son aspect architectural moderne et qui nécessite donc l'utilisation de méthodes scientifiques et un matériel moderne pour sa réalisation, nous avons trouvé un chantier tout à fait ordinaire, des bâtiments où le parpaing était le maître des murs et le goudron celui des rues et ruelles. Ce n'est pas exactement ce que les responsables ont promis. Ces derniers ont parlé d'une ville pilote en matière d'utilisation de nouvelles technologies (un cyberparc construit dans un style ultramoderne avec des engins de la dernière génération). Récemment, nous sommes revenus sur les lieux : dans la ville toujours déserte, les bâtiments ressemblent à ceux de n'importe quel quartier populaire en Algérie. Sur place, nous avons rencontré un petit entrepreneur à qui on a confié la réalisation d'une trentaine de logements sur les milliers programmés, car la ville de Sidi Abdallah est normalement prévue pour plus de 200 000 habitants. Une seule bétonnière qui ressemble à tout sauf à une bétonnière. Les ouvriers sur le chantier utilisent des bidons pour faire monter le béton au …6e étage . «Je ne peux pas investir pour acheter un matériel qui me coûtera des milliards pour rester ensuite au chômage. L'entrepreneur algérien ne peut faire un pari pareil que lorsqu'il est certain qu'il aura suffisamment de travail. Tous les projets ont été raflés par les Chinois qui ne sont pas meilleurs que nous d'ailleurs», explique Salim, entrepreneur privé qui a plus de 25 ans d'expérience et qui a visité le dernier Salon d'Alger. Un peu plus loin des engins en panne (des bulldozers, des bétonnières, des grues). «Ils sont ici depuis la fin des travaux. Désormais ils ne servent à rien. C'est de la ferraille...», souligne un habitant du quartier. Ce dernier n'arrive pas à comprendre pourquoi l'Etat ne veut pas se procurer un matériel moderne pour poursuivre la construction de cette ville.