Réconfort n Et elle se met, une fois de plus, à bercer les enfants dans une douce espérance. Dans la villa des R., c'est, depuis quelque temps, le silence qui règne. Le chef de famille, Zoubir, est à l'étranger où il doit subir une grave opération. Sa femme et ses deux fils sont avec lui. A la maison, sont restés la vieille grand-mère Meriem et les deux benjamins, Samir et Djamila. La vieille Meriem est constamment au téléphone. On lui annonce pratiquement toutes les nouvelles et elle essaye de rassurer les enfants. — Comment va papa ? demande Djamila. — Il va aller mieux dans quelques jours quand l'opération sera réussie ! — Et tu crois que l'opération sera réussie, grand-mère ? — Espérons-le ma fille ! Le petit Samir, lui, est taciturne. Combien il aimerait être avec son père, combien il voudrait être à son chevet… Malheureusement, il n'a pas été prévu dans le voyage. De toute façon, il doit aller à l'école et faire en sorte que son père soit content de lui, à son retour. — Grand-mère, dit-il, j'ai eu un dix-neuf en mathématiques ! La grand-mère sourit. — Voilà qui va faire plaisir à ton père ! — Je vais tenter d'avoir également une bonne note en récitation… Tu sais, je n'aime pas beaucoup la récitation, mais je vais faire un effort ! — Cela fera encore plus plaisir à ton père ! — Et moi, dit Djamila, j'ai eu également de bonnes notes à l'école ! La vieille Meriem est émue. — Espérons que votre père reviendra ! Et ne se retenant plus, elle éclate en sanglots. Les petits l'entourent et se mettent à pleurer avec elle. — Grand-mère, ne nous dis pas qu'on ne va pas revoir notre père ! — Non, non, bien sûr ! — Alors pourquoi ces larmes ? — C'est l'émotion ! Et elle se met, une fois de plus, à bercer les enfants dans une douce espérance. — Votre père guérira… il est entre de bonnes mains…Prions seulement Dieu qu'il le sauve ! — Nous prions, grand-mère ! On appelle au téléphone. La grand-mère se lève lourdement et va répondre. Elle semble très émue et les enfants comprennent que l'opération va avoir lieu dans la nuit. La vieille pose le téléphone et revient à sa place. — C'est pour ce soir ? demande Djamila. — Quoi, ce soir ? demande Meriam — L'opération… La vieille hésite, puis, elle dit : — Oui, c'est pour ce soir… Ce soir, dit-elle, nous allons invoquer Dieu pour qu'il sauve votre père… Et elle se détourne, pour cacher une larme (à suivre...)