Danger n Le football algérien ne s'illustre plus sur le plan technique. Un nouveau phénomène ne cesse de prendre de l'ampleur. Désormais, on s'attaque physiquement aux joueurs. Il y a deux semaines à peine, nous condamnions dans ces mêmes colonnes l'agression dont a fait l'objet le gardien international de l'USM Alger, Mohamed-Lamine Zemmamouche, de la part d'un pseudo-supporter alors qu'il venait d'accomplir la prière du vendredi, ce qui lui a valu deux mois d'indisponibilité. La bête immonde a refait encore surface ce week-end. La victime est un autre international espoir, en l'occurrence le défenseur de la JS Kabylie, Sid-Ahmed Khedis, qui a été pris à partie dans la tribune dite officielle du stade du 20-Août-55 par des énergumènes se proclamant supporters du CR Belouizdad avant de se faire carrément tabasser. Le grand tort du jeune Khedis est d'être un joueur de l'équipe adverse du jour, mais surtout d'être un ancien du NA Hussein-Dey comme son coéquipier Chérif Abdeslam qui s'est accroché sur la main courante avec un des dirigeants du Chabab. «Vous n'êtes des hommes que lorsqu'il s'agit du CRB, fils de …», ce fut la première salve avant le grand déchaînement dans cette partie du stade. Insulté directement, Khedis tente de calmer son agresseur, en vain. Celui-ci redouble de férocité et entraîne avec lui d'autres voyous du même acabit qui feront passer un mauvais quart d'heure à Khedis. L'un de ces sauvages a même osé sortir une arme blanche, comme en a témoigné le joueur, qui a fini par recevoir une bombe lacrymogène en plein visage suivi de plusieurs coups. Le pauvre Khedis n'a dû son salut qu'au concours de quelques vrais supporters du CRB qui ont vite fait de l'évacuer par une porte dérobée. «Ce fut un vrai cauchemar», avouera le joueur, le lendemain de ce drame. C'est dire l'ampleur de cette violence rampante qui, depuis quelques mois, a quitté les alentours et les travées du stade pour s'attaquer carrément aux acteurs eux-mêmes. La semaine dernière, c'est l'attaquant du RC Kouba, Hamid Berguiga, qui a été menacé puis «lapidé» avec des pièces d'argent au stade du 1er-Novembre d'El-Harrach, ce qui l'a empêché de prendre part au derby contre l'USMH. Il y a quelques jours, c'est l'entraîneur de l'OM Arzew, Chérif El-Ouazzani, qui reçoit un projectile des tribunes l'atteignant au crâne, et les exemples sont légion devant le silence des instances sportives qui n'agissent que par des slogans creux ou des sanctions loin de donner les résultats escomptés. Il est vrai que le mal est profond.