Commémoration n L'année 2007 est celle du bicentenaire de la naissance de l'Emir, fondateur de l'Etat algérien. Pour célébrer l'événement, la fondation Emir-Abdelkader, en partenariat avec Algérie Poste a organisé, hier, à la Bibliothèque nationale un colloque de deux jours sur la vie et la pensée de l'Émir Abdelkader. Le professeur Salah Benkobbi, membre du Conseil scientifique de la fondation, a évoqué l'art de la diplomatie chez l'Emir, rappelant, à cet effet, que celui-ci était un fin négociateur. Cela lui a valu, selon le conférencier, autant de notoriété que d'admiration. «L'art de la diplomatie dans lequel il excellait a fait de l'Émir un exemple», a-t-il souligné. Deux faits illustrent en effet cela : à la fin du XIXe siècle, l'Émir Abdelkader, alors qu'il était installé à Damas, prend sous sa protection les chrétiens, victimes de la persécution des musulmans. Tenant tête aux émeutiers grâce au dialogue, il a pu sauver ainsi la vie à un nombre considérable de chrétiens. Toujours motivé par le dialogue, l'Émir intervient en faveur du percement du canal de Suez. Quant au professeur Mohamed Bachir Bouyadjera, chercheur, il a mis l'accent sur l'intérêt que l'Émir portait à la poésie. «Tout le monde connaît l'Émir en tant que militaire et politique, mais rares sont ceux qui le connaissent dans le domaine littéraire», a-t-il dit, ajoutant que sa profonde connaissance du soufisme a fait de lui un poète d'une grande sensibilité. Mohamed Boutaleb, président de la fondation, a évoqué la personnalité de l'Emir Abdelkader. «Servi par un destin exceptionnel, et ayant grandi dans un milieu d'érudits et de religiosité, Abdelkader Ibn Mahieddine a accompli un parcours incomparable durant le XIXe siècle», a-t-il dit. Et de poursuivre : «S'étant levé contre ceux qui ont envahi et spolié sa terre, il a su mener son combat tout en jetant les bases d'un Etat moderne en initiant l'éducation, la justice, l'armée, la santé… Ces écrasantes charges pesant sur ses épaules ne l'ont pas empêché de s'adonner au spirituel tant dans le domaine des œuvres littéraires que de la poésie. C'est cette multitude de qualités qui lui ont permis de s'imposer en chevalier intrépide, porteur de foi et rassembleur, au-dedans et au dehors.» Pour sa part, Boudjemaâ Haïchour, ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication, est revenu, dans son intervention, sur le rôle qu'a joué l'Emir dans la création de l'Etat algérien moderne, d'une part, et sur les qualités intrinsèques à sa personnalité d'autre part : «C'était un visionnaire, un homme moderne, un pieux par sa connaissance du Coran, un érudit qui a su s'appliquer à la genèse, dans la fraternité universelle, il était humaniste…» Toutes ces qualités élèvent l'Emir à un destin de grand homme», a-t-il dit. Le conférencier a, ensuite, rappelé que l'Émir a écrit en faveur de l'émancipation de la femme. Et de conclure : «En commémorant, aujourd'hui, le bicentenaire de l'Emir Abdelkader, nous réaffirmons le choix historique d'assumer cet héritage formidable, de lui donner la dimension qu'il mérite et de le soumettre à une réflexion et une analyse qui nous permettent de tirer les enseignements les plus instructifs.» l Algérie Poste a émis, hier, samedi, à l'occasion du bicentenaire, un bloc de feuillets de trois timbres-postaux à l'effigie de l'Emir Abdelkader. «Algérie Poste tient à contribuer, à travers la philatélie, à célébrer les grands événements», a déclaré Ghania Houadria, directrice générale d'Algérie Poste, ajoutant :«En tant qu'entreprise citoyenne, Algérie Poste a la vocation de s'ouvrir sur la société, mais aussi sur la culture et l'histoire, à travers le timbre-poste qui est, soulignons-le, vecteur de communication et repère identitaire.» Et de poursuivre : «Notre souci est de perpétuer ainsi, par le timbre, une mémoire que l'Histoire, par la force des choses, a déjà immortalisée et qui continue, aujourd'hui, encore d'inspirer les artisans de la construction de l'Algérie d'aujourd'hui.» Ghania Houadria a, ensuite, rappelé que «Algérie Poste a émis des timbres dès le lendemain de l'indépendance de l'Algérie à l'effigie de l'Emir Abdelkader, et dont la fréquence ainsi que la variété des thèmes déclinent les différentes facettes de notre identité historique et culturelle.»