Tensions n L'aviation turque a bombardé dans la nuit de samedi à dimanche des villages du nord de l'Irak dans une zone qui sert de repaire aux rebelles kurdes du PKK. C'est la deuxième fois que la Turquie mène ce type d'opération depuis la grave crise d'octobre dernier et le feu vert donné par le Parlement d'Ankara à une action militaire en Irak. L'armée turque a confirmé les raids aériens et ajouté que son artillerie continue à pilonner la zone après le départ des avions qui sont rentrés à leur base.«Nos premières informations font état de huit avions de combat turcs qui ont bombardé des villages frontaliers, notamment le village de Pashashan», a déclaré Jabbar Yawa, le porte-parole des «peshmergas», les forces de sécurité de la région autonome du Kurdistan irakien. Ces villages sont proches du massif de Qandil, dans l'extrême nord-est de l'Irak, aux confins des frontières de la Turquie et de l'Iran, qui sert de repaire aux combattants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), en lutte contre le pouvoir central d'Ankara. Jabbar Yawa a assuré que les frappes turques avaient endommagé plusieurs ponts qui relient les villages dans cette région très escarpée et très difficile d'accès. «Des familles ont fui ces villages et se sont réfugiées dans des localités voisines», a ajouté le porte-parole. «Nous avons envoyé nos patrouilles de gardes frontières pour aider les éventuelles victimes et évaluer les dégâts», a t-il également déclaré. Au début de ce mois de décembre, la Turquie qui cherche à déloger le PKK de ses sanctuaires dans le nord de l'Irak, avait mené une première opération limitée visant un groupe de combattants kurdes en territoire irakien. Ankara avait annoncé de «lourdes pertes» dans les rangs du PKK, qui avait démenti avoir perdu des hommes. Le PKK, une organisation considérée comme terroriste par Ankara, Washington et l'Union européenne, a utilisé, dans un passé encore récent, ses bases en Irak où sont cantonnés quelque 3 500 combattants pour lancer des attaques en Turquie. Ankara a menacé à plusieurs reprises d'intervenir directement en Irak, si Bagdad n'était pas en mesure de prévenir les opérations de cette organisation à partir de cette zone, qui est sous le contrôle des autorités régionales kurdes. Au mois d'octobre dernier, des rebelles venant du Kurdistan irakien avaient tué 12 soldats turcs lors d'une attaque près de la frontière irakienne et le Parlement turc avait autorisé le gouvernement à mener une intervention militaire en Irak. Cette perspective avait mobilisé la communauté internationale, notamment les Etats-Unis, alliés de la Turquie et grands soutiens du Kurdistan irakien, qui y voyaient un risque de déstabilisation de la seule région d'Irak relativement épargnée par la violence. Le gouvernement de Bagdad et les autorités régionales kurdes d'Irak s'étaient alors engagés à prendre des mesures pour limiter les mouvements et la liberté d'action des éléments du PKK installés en Irak.