Aveu n «Vous savez les temps sont durs et l'argent, malgré tout, fait défaut. Alors on est obligé de faire comme on peut pour régler nos créances.» Le ministère du Commerce s'est donné comme cheval de bataille la régulation et l'organisation des activités commerciales, l'encadrement et la surveillance du marché au plan du contrôle des pratiques commerciales, de la conformité, de la répression des fraudes et de la protection des consommateurs. Autant d'objectifs tracés l'année dernière par le ministre du Commerce lors de son audition par le président de la République. Mais parallèlement à cette démarche, des pratiques très controversées sont constatées chez certains grossistes en alimentation générale. Ces derniers, tenus de ne vendre leurs marchandises qu'à des commerçants titulaires d'un registre du commerce et en quantités dites de gros, outrepassent cette obligation en vendant carrément aux particuliers. «Cette situation est réelle. J'avoue que moi-même je le fais dans mon magasin», reconnaît un grossiste en alimentation générale qui a accepté de parler sous le couvert de l'anonymat. «Vous savez les temps sont durs, et l'argent malgré tout fait défaut. Le liquide (argent) ne circule plus comme avant alors on est obligé de faire comme on peut pour régler nos créances. D'ailleurs, ce manque de liquidités, nous ne sommes pas les seuls à le subir. Et les détaillants ne sont pas les seuls à pâtir de cette situation. Pour nous (grossistes) aussi c'est dur. Je peux vous faire le même constat établi par les détaillants. Il y a des importateurs qui vendent leurs marchandises directement au détaillant en faisant sauter un maillon dans la chaîne de distribution et ce maillon c'est nous les grossistes», informe-t-il. «Vous savez dans ce métier, il y a trop d'intermédiaires et la plupart du temps la vente se fait sur la base de la parole (el kelma). Tout se vend et s'achète à crédit. On achète à crédit et l'on vend à crédit. Alors le jour où le créancier revendique son dû, on est obligé de faire des pieds et des mains pour préparer la somme. Et toute entrée d'argent est la bienvenue», tente de justifier l'interlocuteur. Piètre justification si on considère que la loi est claire dans ce domaine, le grossiste n'a pas le droit de vendre sa marchandise quelle qu'elle soit à un particulier qui ne présente pas une activité commerciale. Une transaction commerciale établie par un grossiste doit être sanctionnée par une facture, qui n'est pas obligatoire dans la vente au détail. Interpellé sur ce sujet, le grossiste essaye de nous induire en erreur en partant dans un plaidoyer des plus farfelus. «Il faut d'abord définir ce qu'est une vente de gros. Une bouteille d'eau minérale c'est du détail, un fardeau est-ce du gros ou du détail. Vendre un sac de sucre ou de semoule est-ce de la vente de gros ou du détail», tente-t-il de nous embrouiller omettant que la vente en gros n'est pas seulement définie par la quantité vendue, mais surtout par le client ciblé.