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" La crise financière trouve son origine dans un déficit de régulation "
Pascal Lamy, directeur général de l'OMC
Publié dans Le Maghreb le 18 - 10 - 2008

" La crise financière est une crise systématique qui se développe dans beaucoup de directions.Cela étant dit, je crois que les mesures, fortes et de très grande ampleur, qui ont été annoncées, coordonnées et déterminées, sont de nature à combler cette espèce d'énorme déficit de confiance qui s'est développé dans le système financier depuis maintenant bien des mois. Donc je crois que c'était la bonne réponse, au bon niveau, avec la bonne force. Seul l'avenir dira si, sur le plan strictement financier, les choses se sont stabilisées. Restera alors à en étaler les conséquences dans l'économie réelle". Les propos son du patron de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), Pascal Lamy.Le DG de l'OMC dans une interview accordée jeudi à une chaîne d'information française, a une question relative à la surprenante mobilisation par l'Europe de 1 700 milliards d'euros, estimé que c'est de la grosse artillerie. Mais disons que les munitions ne sont pas toujours celles de Monsieur Tout le monde. Vous et moi, on sort de l'argent du porte-monnaie pour acheter quelque chose. Une grande partie de ces sommes qui ont été annoncées sont des garanties. C'est-à-dire que, au cas où il y aurait de nouveau un problème, on saura que le pompier est là. Mais le pompier ne va pas forcément vider tout l'extincteur. Les gens souhaitent qu'il n'ait pas à vider tout l'extincteur. Donc ce n'est pas toujours de l'argent comme le vôtre ou le mien ". D'après lui, ce qui est important c'est que, dans le système financier, l'origine de la crise, on y reviendra sûrement : c'est une crise de régulation, provenant des Etats-Unis où le système n'est pas régulé. Et, comme la finance est globale du fait que le système n'est pas régulé aux Etats-Unis, et que ce n'est pas régulé au niveau mondial, cela a engendré une crise de confiance. Mais le fait que les ''mastodontes'' étatiques se soient mis en ligne est de nature à restaurer cette confiance. Il cite comme exemple que, sur le crédit interbancaire, dans le monde d'aujourd'hui, le problème n'est pas tellement que les déposants fassent la queue pour retirer leur argent de la banque (maintenant, on sait gérer çà). Le problème c'est les gens qui font la queue auprès des banques pour trouver des créances. Ça, se sont des sommes énormes. Le crédit interbancaire dans le monde aujourd'hui, c'est 25 milliards de milliards. Donc c'est absolument gigantesque. Et, pour ça, il faut de la grosse artillerie, explique-t-il. Il estime que les ''pompiers'' ont déployé des moyens sans précédent. " Seules les réactions des publics, des acteurs financiers, diront si la confiance est là. Ce que l'on a vu sur les marchés d'actions ces derniers jours, c'est plutôt un ''signal reçu''. On a beaucoup moins peur qu'avant. Mais ce genre d'incendie peut aussi laisser des braises et des foyers qui repartent ici et là ".Pascal Lamy, pense que sur le plan systématique, c'est une crise. En ce moment, le volume de cette crise est au niveau de celle de 1929. La question qui se pose maintenant est de savoir si le déclencheur est de la même taille. La question est de savoir si on en gère les conséquences de manière à éviter que ce qui s'est passé après la crise de 1929, c'est-à-dire cette énorme contagion se propage, notamment au niveau des Américains. A son avis, aujourd'hui, la crise est financière. Elle n'est pas commerciale. Il y aura des conséquences de la crise financière sur l'économie réelle mais le système commercial, lui, est régulé de telle sorte qu'une crise de ce type ne contamine pas le commerce. " Ça je crois, c'est la grande différence entre le commerce et la finance: en matière de commerce, on a un système de régulation mondial (le Gatt puis l'OMC). Les gens ont négocié et ce sont engagés dans les règles du jeu, dans cette espèce de ''code de la route'' du commerce mondial. On n'avait pas ça en matière de finance. La finance, de fait, est d'ailleurs le parent pauvre de la régulation internationale. Et c'est à ça qu'il faut remédier. Après les pompiers, si je puis dire, il faut penser à la suite. Il ne faut pas, une fois jugulée cette crise (et je pense que ça est plutôt en bonne voie), laisser les choses telles qu'elles étaient. Il va falloir une étape où de nouveaux architectes se penchent sur la question de savoir quelle est la bonne régulation de la finance globale ".Parlant des négociations de Doha sur le commerce mondial, qui n'ont pas abouti cet été. Est-ce que cela a contribué au désordre financier mondial ? Il dit que c'est non. Pourquoi ? " Parce que nous avons, aujourd'hui, un système de règles extrêmement développé qui engage les membres de l'OMC entre eux, que nous surveillons, que nous administrons. Quand il y a quelqu'un qui ne suit pas les règles, il y a un mécanisme de règlement des différends, une espèce de tribunal. Donc, le commerce mondial est à l'abri, si je puis dire, d'un ''choc systématique'' comme celui que l'on a connu dans la finance ". Il définit que ce dont il s'agit dans la négociation de Doha, ce n'est pas de créer un système commercial mondial. Il existe ce système. " C'est de l'ajuster, de le mettre à jour, et de renégocier sur les subventions à l'école, sur les tarifs industriels… ".Que peut faire l'OMC pour aider à résorber la crise actuelle ? Ce que nous pouvons faire, dans le cœur de notre mission, dit Pascal Lamy, c'est éviter toute réaction protectionniste : " éviter tout déclenchement, dans un pays ou dans un autre, d'une idée du type de ce qu'ont fait ces messieurs en 1930, qui consiste à dire, ''Pour me protéger de la crise, je vais m'enfermer dans des murailles qui vont m'isoler du commerce international. C'est une tentation tout à fait humaine ; quand tout va mal, on se réfugie dans ce dont on est sûr. Grâce à l'OMC, nous sommes à l'abri d'un choc systématique de ce genre. Nous avons des règles, nous les administrons et, le cas échéant, nous décidons qui a tort et qui a raison ". Par ailleurs, il pense que, parmi les multiples dangers de la situation actuelle, il demeure un danger "protectionniste". " Mais la police d'assurance est là. Ce qu'il s'agit de faire en concluant ce type de négociations ce n'est pas de créer la police d'assurance ; c'est d'améliorer, c'est de l'ajuster. Parce que les rapports de force dans le monde d'aujourd'hui ont changé et que, notamment, les Chinois, les Indiens et les Brésiliens trouvent que les règles dont on a héritées de la fin du dernier cycle (il y a maintenant une quinzaine d'années) méritent d'être revues ".Le PGQ de l'OMC considère qu'il y a une menace de récession mondiale. D'après lui, il est clair qu'il y a un risque, et il est d'ores et déjà avéré, de réduction de la croissance de l'économie mondiale. " En 2005, 2006 et 2007 on faisait 5 %, en 2008 on fera 4 %, et en 2009 on fera 3 %. Cinq, quatre, trois sur l'ensemble de l'économie mondiale. Dans cet ensemble, les pays développés, les pays industriels, représentent deux tiers, et les pays en développement, les pays émergents, un tiers. C'est une bonne nouvelle. Il y a 10 ans, les pays développés étaient les seuls à nourrir la croissance mondiale. Il y a deux tiers des moteurs de la croissance mondiale qui vont être, en gros, à zéro ". . " La bonne nouvelle, c'est que les pays émergents, les pays en développement, seront encore à six en 2009. Dans la mesure où la Chine et l'Inde, le Brésil et l'Afrique du Sud, l'Indonésie et le reste de l'Asie peuvent continuer à tirer la croissance mondiale, le choc récessif, qui va intervenir (il faut être clair là-dessus), sera amorti. Notamment à condition que le commerce international continue à fonctionner ".Est-ce que l'OMC aurait pu être plus présente, aux côtés du FMI par exemple, pour mettre en place dans l'urgence une sorte de gouvernance mondiale ? " Je suis un avocat d'une gouvernance mondiale plus structurée, plus forte, répond-il. Il pense à ce sujet que, " dans le monde d'aujourd'hui, la plupart des problèmes sont globaux. J'ai toujours été très étonné par la confusion d'un certain nombre d'esprits qui se disent d'un côté souverainistes et de l'autre côté en faveur de la régulation. Ce n'est plus possible aujourd'hui. Dans le monde d'aujourd'hui, nous avons besoin de régulation mondiale. Nous avons besoin de gouvernance mondiale. Et ceci implique, automatiquement, des entorses à la souveraineté des Etats-Nations telle qu'elle a été définie depuis 1648. Le système international, aujourd'hui, est en partie régulé ". De son point de vue, l'OMC est sans doute l'une des organisations les plus sophistiquées. " L'Organisation mondiale de la santé existe ; elle travaille. L'Organisation internationale des Télécommunications existe ; elle travaille. L'Organisation internationale du Travail existe ; elle travaille. Il n'y a pas d'organisation internationale de la finance dont l'objectif, agréé par ses membres, soit de réguler la finance mondiale. Nous travaillons avec Dominique Strauss-Kahn, avec Bob Zoellick, avec le FMI, avec la Banque Mondiale, avec le Programme desNations unies pour le développement en permanence. Nous sommes, par exemple, en train de vérifier, tous les trois ensemble, avec la communauté bancaire internationale, que cette crise du crédit ne va pas impacter le crédit du commerce international, le financement des importations et des exportations (ce qui serait bien évidemment dramatique pour les pays en développement). Nous travaillons ensemble "Il se dit être en faveur de la création d'une organisation mondiale de la finance. " Je suis en faveur - mon diagnostic sur la crise étant qu'elle trouve son origine dans un déficit de régulation et dans la mesure que, aujourd'hui, toute régulation sérieuse (du genre qui donne confiance) - d'une meilleure régulation de la finance mondiale. Mais ça sort beaucoup de mon rôle de patron de l'OMC. La question n'est pas de savoir si je suis pour ou contre. La question est de savoir si les Etats-Nations souverains aujourd'hui, les Etats-Unis, l'Europe, la Chine, l'Inde et le Brésil, sont ou
non en faveur d'une régulation plus forte de la finance internationale. Ce n'est pas que la question n'a pas été posée. Mais jusqu'à présent, la réponse a été ''non''. Est-ce que cette crise va provoquer l'énergie politique derrière un 'ou' ? Nous verrons "." De mon point de vue et, notamment, au regard de ce que nous avons fait avec l'OMC (qui est loin d'être parfait : la preuve, d'ailleurs, est qu'il faut toujours améliorer ces règles), je pense que ce serait souhaitable. Nous avons besoin, dans ce domaine, comme dans le domaine de l'environnement, où il existes, d'un système de régulation international, même s'il faut aller plus loin. Ensuite il reste à le négocier. Ceci doit être négocié entre Etats-Nations souverains puisqu'il faut qu'ils fassent des concessions et ensuite il faut qu'ils les expliquent à leur opinion publique ".Le DG de l'OMC pense que désormais que les nouvelles puissances de l'économie mondiale d'aujourd'hui soient autour de la table. " Comme vous le savez, cette histoire d'élargissement du G8, ça fait un moment que ça traîne. D'ailleurs, la preuve c'est que l'on parle toujours du G8 alors qu'il n'y a pas la Chine, l'Inde, et le Brésil, il n'y a pas l'Indonésie et l'Afrique du Sud. Les décisions doivent être prises par consensus. Je travaille dans un dispositif où le plus restreint des groupes de membres, à partir duquel nous construisons le consensus par cercles concentriques, s'appelle le G7. Il y a 20 ans, c'était les Etats-Unis, l'Europe, le Canada et le Japon. Aujourd'hui, c'est les Etats-Unis, l'Europe, le Brésil, la Chine, le Japon, l'Australie. C'est une représentation du monde qui est tout à fait différente de celle que nous avions il y a encore 10 ou 20 ans "." Historiquement, on est, je l'espère, passé tout près du bord du gouffre. Même si aucune économie n'implose pas. Il n'y a pas un grand retard économique. Mais je crois que le déficit de confiance dans le système avait atteint des proportions telles que ceci pouvait conduire à une espèce d'énorme constriction qui serait, si je puis dire, l'équivalent de l'énorme dilation que l'on a constatée dans le monde de la finance depuis 10 ou 20 ans ", conclut-il.

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