Les rêves des mythiques musulmans — soufis — comportent souvent des rêves du paradis, ce qui est pour eux une façon de montrer que leurs œuvres sont agréées par dieu. On lit, dans le livre d'Ibn Sîrîn, sur l'interprétation des rêves, ce rêve, d'Abû al-H'usayn qui rapporte ce récit du père d'Ibrâhîm al-Mughalles : «Un jour (de jeûne), après avoir fait la prière de l'après-midi, je me suis retrouvé seul dans la mosquée. J'ai placé une cruche d'eau dans une lucarne pour la trouver fraîche au moment de la rupture du jeûne. J'ai été pris de sommeil et j'ai eu cette vision : un groupe de houris sont entrées dans la mosquée et elle battaient des mains. J'ai demandé à l'une d'elles : — A qui es-tu destinée, toi ? Elle a répondu : «A Thabet al-Benânî. J'ai demandé à une autre : — Et toi ? — A ‘Abd al-Rah'mân Ibn Zayd ! A une autre : — Et toi ? — A ‘Utba. – Et toi ? – A farqad !... Jusqu'à ce qu'il n'en reste qu'une. Je lui ai demandé : — Et toi, à qui es-tu destinée ? Elle a répondu : — A celui qui ne cherche pas à rafraîchir son eau, pour la rupture du jeûne ! Je lui ai dit : — Si tu es véridique, brise la cruche ! La cruche est alors tombée de la lucarne et le bruit de la cruche se brisant m'a réveillé.» Voir le paradis sans y entrer est de meilleur augure que celui qui y entre ; car, entrer dans la demeure de l'au-delà peut signifier, pour celui qui en rêve, la mort, puisque le séjour au paradis est le fait des défunts. C'est pourquoi, Abû Saâd écrit : «celui qui voit le paradis en rêve, sans y entrer, son rêve est de bon augure : c'est le signe qu'il a accompli soit une bonne œuvre ou qu'il va l'accomplir. C'est la vision d'une personne équitable.»