Rappel n Ce n'est, donc que vers la fin des années 1980 et le début des années 1990 que la spéculation a commencé, dopée par la conjugaison de plusieurs facteurs, dont l'explosion démographique et la hausse du nombre de mariages. A première vue, l'explication de cette ruée vers la location est d'une simplicité infantile : l'achat d'un logement n'est pas à la portée du commun des citoyens, les gens se rabattent sur cette formule qui leur permet de s'abriter en attendant des jours meilleurs. Mais d'autres facteurs, le plus souvent objectifs, interfèrent et donnent au phénomène des allures de paradoxe. Paradoxe, car Alger est loin, très loin même, d'offrir un cadre de vie agréable et de disposer de commodités que l'on trouve dans les autres capitales auxquelles elle dispute aujourd'hui la palme de la ville la plus chère. Invité à tenter une explication, le président de la FNAI préfère commencer par un récapitulatif. Avant l'indépendance, rappelle-t-il, très peu d'Algériens étaient propriétaires. De 1962 jusqu'à la cession des biens de l'Etat qui a commencé en 1981, la situation n'a pas trop évolué puisque les gens occupaient des biens vacants qui ne leur appartenaient toujours pas. Ce n'est, donc que vers la fin des années 1980 et le début des années 1990 que la spéculation a commencé, dopée par la conjugaison de plusieurs facteurs, dont l'explosion démographique et la hausse du nombre de mariages, la crise économique qui s'est traduite par une absence quasi totale de programmes de développement et la dégradation, par la suite, de la situation sécuritaire. Last but not least, ce facteur a doublement contribué à rendre le logement inaccessible. D'abord en ramenant aux portes des grands centres urbains, dont Alger,des contingents entiers de familles fuyant le terrorisme. Ensuite, en créant une sorte de «zones vertes» rapidement conseillées par les chancelleries aux employés des sociétés étrangères venues s'installer en grand nombre en Algérie à la faveur de l'ouverture économique. Même avec le rétablissement de la paix civile, ces quartiers demeurent très prisés par les étrangers pour qui les prix excessivement élevés sont loin de constituer un fardeau. «Même si un appartement à 250 000 DA, soit 2 500 euros par mois paraît exorbitant pour nous, cela ne représente rien devant le chiffre d'affaires d'une multinationale», explique M. Aouidat. Comme expliqué précédemment, cet état de fait se répercute inévitablement sur la demande et par conséquent sur les prix de la location dans les autres quartiers, voire dans les wilayas limitrophes. Ces trois ou quatre dernières années la situation a empiré puisque les prix sont passés du simple au double ou au triple, voire plus, selon les quartiers.