Exposition n Dans la vitrine d'un grand joaillier de la rue Didouche-Mourad, de superbes montres sont exposées en vitrine. Les collections sont prestigieuses : Tag Heuer, Dior, Cartier, Breitling... Sur une affiche bien cadrée, Omega a appelé à la rescousse Brad Pitt et son irrésistible sourire pour booster la vente. Une montre Audemars Piguet se négocie à 625 800 DA, soit 50 ans de travail payé au Snmg. Vraiment finies, les années du «socialisme, option irréversible» où l'on pouvait se dispenser de regarder l'heure et glander à longueur de journée à la terrasse des cafés. L'intrusion de la mondialisation remet les pendules à l'heure. Le temps, c'est de l'argent. Exemple : l'aéroport international d'Alger, inauguré en juillet 2006, a une longue histoire derrière lui. C'est Rabah Bitat, ministre des Transports de Houari Boumediene, en 1975, qui avait lancé les travaux. Dans le plan original, l'aérogare comportait quatre modules. Trente ans plus tard, au moment de sa livraison, le nombre des modules a été ramené à deux. L'aérogare est prévue pour traiter douze millions de passagers par an. Son coût ? 450 millions de dollars. La nouvelle aérogare de Dubaï, livrée cette année, après 24 mois de travaux, a été pensée comme un hub capable d'accueillir 120 millions de passagers par an. Sa superficie de 144 km2 ne se limitera pas au strict périmètre de l'aéroport. Autour, sera édifiée une ville, une vraie, avec commerces et maisons, pouvant accueillir 750 000 habitants. L'aéroport de Djebel-Ali (son nom provisoire) aura coûté, au moment de sa livraison, 33 milliards de dollars. Pour affiner la comparaison espace/temps, il faut savoir que Dubaï a une superficie de 3 885 km2 tandis que l'Algérie s'étend sur 2 381 741 km2. Même si le nombre d'habitants ne se compare pas – 1,2 million pour Dubaï contre 34 millions pour l'Algérie – il est évident que la gestion du temps est très largement en notre défaveur. Si l'on prenait le problème par l'autre bout et si l'on posait la question qui tue : combien de dizaines de milliers de logements auraient été livrés si les délais de réalisation du nouvel aéroport d'Alger avaient été respectés ? Idem pour le métro d'Alger. Les travaux lancés en 1982, sous la présidence de Chadli Bendjedid, devaient aboutir, en 1986, à la mise en circulation de la première ligne Casbah-Oued Koriche-Bachdjarah. Ce n'est qu'en septembre 2008 que le métro sortira du tunnel. Faites vos comptes.