Résumé de la 1re partie n Don Francesco Ferdinando, malgré sa laideur, tombe amoureux d'une jeune fille de Palerme... C'était la fille d'un petit commerçant et il l'avait croisée par hasard en se rendant aux cérémonies de la Fête-Dieu, ou du Saint Corps du Christ. Quand il la vit, Don Francesco Ferdinando dit : «Voilà celle qui sera ma femme !» La jeune fille se nomme Maria Gioachina. Elle est effrayée de l'honneur qui lui échoit. Comment pourrait-elle imaginer de se retrouver entre les bras d'un tel monstre ? Devant ses réticences, Don Francesco plaide sa cause : «N'ayez pas peur de moi. Je suis laid, mais mon cœur est bon. Et puis je suis riche, puissant. Entre mes bras, vous oublierez ma laideur. Vous serez une des reines de la Sicile.» Maria Gioachina ne peut répondre. Elle secoue simplement la tête en signe de dénégation. La terreur que lui inspire l'aspect de Don Francesco lui coupe la parole. Mais Don Francesco possède les moyens de persuader le père de Maria Gioachina et, le 12 juin 1747, les noces sont célébrées. Toute la noble assistance remarque les yeux rougis de larmes de la pauvre Sicilienne lors de la fête somptueuse qui a lieu dans la villa de Baghiera et où le duc de Messine, cousin de Charles VIl, représente le roi. Immédiatement après la fête, les époux partent en voyage de noces, à Rome. Un impatient demande : — Et alors ? — Et alors, durant son voyage de noces, Don Francesco se rend compte du succès de sa trop belle femme. Il en devient jaloux et se demande comment retenir un tel trésor. Il convoque alors les sculpteurs les plus talentueux de Sicile, qu'ils soient italiens, allemands ou espagnols. Et il leur commande toute une série de statues. De statues monstrueuses. Chacune doit être le portrait d'un monstre encore plus répugnant que lui-même. Les artistes sont enfermés dans la villa, avec, à leur disposition, des tonnes de marbre de Carrare. Pour retrouver leur liberté, ils doivent sculpter sans relâche. Au bout de quelques mois, Don Francesco possède des dizaines de monstres qu'il fait installer tout autour de sa villa. Il en remplit les chambres, les couloirs, les toits de son palais. Mais ce n'est pas tout... Le guide reprend son souffle : Sous l'effet de sa jalousie obsessionnelle, Don Francesco est pris d'une folie morbide. Il cherche à s'entourer d'œuvres de plus en plus répugnantes et macabres. Les tables des salons sont des tombeaux, les pendules figurent des femmes éventrées. Des monstres mi-humains mi-animaux sont disposés partout. Un véritable cauchemar en marbre blanc. Il fait enfin exécuter un buste de Maria Gioachina où elle est représentée à demi-dévorée par les vers et les insectes... Puis une nouvelle idée lui vient. Sous le coup de l'émotion, plusieurs personnes éprouvent le besoin de s'asseoir. Le guide poursuit, imperturbable : — Don Francesco fait supprimer tous les miroirs de son palais et les fait remplacer par des glaces déformantes : Maria Gioachina n'a même plus la consolation de contempler sa propre beauté. (à suivre...)