Chiffres n Rien que pour le mois de septembre, l'émission de billets neufs a représenté le triple de celle de janvier 2007, révèle la Banque d'Algérie. «Le rafraîchissement de la monnaie fiduciaire en circulation, qui est opéré en «permanence» et de manière «systématique», se fait à travers son entretien pour authentifier tout billet entrant dans ses caisses et pour séparer les coupures en bon état à remettre en circulation de celles qui sont usées et orientées donc vers la destruction. Ce qui n'est, évidemment, pas le cas des billets qui ne transitent pas par cette institution», note un communiqué de la Banque d'Algérie, paru en octobre dernier. A la lecture de cette information qui met en évidence l'existence d'un circuit parallèle à la banque, pour ce qui concerne la circulation des billets, d'aucuns pourraient déduire qu'un véritable problème de rafraîchissement de la monnaie fiduciaire existe. Toute la masse monétaire produite par la Banque d'Algérie ne transite pas par cette institution. Ajouter à cela le nombre de fois où le billet change de main, une grande quantité de billets de banque, qui ont une durée de vie limitée (quelques mois), est abîmée. Prenons l'exemple des coupures de 200 DA, les plus touchées par l'usure, il faut savoir qu'un billet de 200 DA passe d'une main à l'autre vingt fois par jour. Cette vitesse de circulation donne un aperçu sur l'utilisation de l'argent par le citoyen algérien. Puisque les systèmes de payement électroniques en Algérie n'ont pas encore connu leur heure de gloire, les citoyens sont obligés d'effectuer leurs transactions en liquide. Cette pratique et cette vitesse de circulation jouent un grand rôle dans la dégradation du billet. Mais là n'est pas la seule raison. Un autre phénomène social vient se greffer à cette pratique pour mettre en piteux état les billets de banque. Il s'agit du manque de confiance du citoyen en les établissements financiers. Les commerçants et autres entreprises privées en premier. Au lieu de déposer tout l'argent récolté durant la journée dans des banques, ces opérateurs économiques préfèrent mettre une partie dans des coffres-forts individuels. «Des fois, on a besoin d'une somme d'argent conséquente pour opérer une transaction imprévue. On n'a pas le temps d'aller à la banque pour retirer l'argent. Surtout avec le problème de la circulation, du stationnement, des agressions... Et il faut savoir que pour retirer une grosse somme d'argent, on doit informer la banque et faire sa commande. A ce rythme-là, j'aurais perdu beaucoup d'affaires», explique un grossiste en alimentation générale. Certes, l'argumentation tient la route, mais les conséquences de ce genre de comportement sont lourdes. Car, outre la création d'un circuit idéal pour le blanchiment d'argent, la thésaurisation crée un réel déséquilibre de la masse monétaire en circulation. Cette thésaurisation engendre une augmentation de la production de la monnaie ce qui provoque un effet boule-de-neige menant inexorablement à l'inflation.