Résumé de la 1re partie n Le père Charbel est mort, on dépose sa dépouille dans le tombeau près de l'église. Fait étrange, une lumière semble provenir de cet endroit... Dès qu'on a fini de procéder à une fouille complète du monastère pour vérifier qu'aucun brigand ne s'y dissimulait, le père supérieur et le capitaine qui commande la troupe des militaires se retrouvent devant le tombeau. Pas la moindre lumière. Le père supérieur s'éclaire d'une lampe et fait constater que l'entrée de la tombe est hermétiquement close. — Vous voyez, tout est exactement comme nous l'avons laissé après l'ensevelissement du père Charbel. — Et c'était quand ? — Il y a deux mois ! Vous constaterez que rien n'a été remué. Dans les semaines qui suivent, le père El Michmichani a pourtant l'occasion de constater lui-même l'existence de cette mystérieuse lumière qui émane du tombeau : — Mes frères, nous allons rouvrir la tombe et examiner si, par hasard, quelque chose d'insolite ou même de diabolique ne se passerait pas dans l'enceinte même de notre monastère. Une fois la tombe ouverte, on constate que les pluies qui se sont abattues récemment dans la région ont semé un beau désordre dans le caveau. — C'est rempli de boue. Le corps du père Charbel flotte quasiment. Et l'eau continue de tomber depuis la voûte. — Le corps du père est couvert de moisissures ! Il faudrait l'en débarrasser. C'est ce que font les frères maronites, avec respect. Une surprise les attend : — Regardez le père. Son corps est aussi souple et lisse que le jour de sa mort ! — Pourtant cela fait trois mois et demi que nous l'avons enterré. Normalement il aurait dû commencer à se putréfier... — Regardez : ses bras et ses jambes sont toujours aussi souples. Et ses cheveux, sa barbe : pas le moindre signe de décomposition ! C'est un miracle ! — Mon fils, mesurez vos paroles. Attendons un peu avant de parler de miracle. — Mais regardez, mon père. On dirait... on dirait que du sang coule du côté droit du père. Comme celui de Notre-Seigneur Jésus quand il est mort sur la croix. Du coup, les bons pères tombent à genoux dans la boue, pour une prière fervente. Le père El Michmichani a décidé de ne pas refermer la tombe aux vertus étranges. Chaque jour, il vient désormais constater l'état de la dépouille mortelle du père Charbel : — Toujours la même fraîcheur et la même souplesse. Et toujours ce suintement sanguinolent. Il faut avertir notre évêque. Le suintement sanguinolent devient si abondant qu'il faut changer les vêtements du père Charbel trois fois par jour. Que signifie ce saignement inexplicable ? Le père El Michmichani décide alors de prendre une mesure logique. Il demande l'aide d'un embaumeur. Et celui-ci, non sans une certaine appréhension, porte un coup de bistouri impie dans le corps que toute la région considère désormais comme sacré. Il informe le père supérieur du résultat de son travail : — J'ai prélevé tous les organes internes du père... Mais le suintement continue. — Bon, nous allons procéder autrement. Je vais faire déposer le corps du père sur la terrasse du couvent. Quelques mois au soleil vont sans doute le momifier. Et je doute qu'il reste alors assez de liquide dans son pauvre corps pour alimenter le moindre suintement ! Mais toutes ces manipulations restent sans effet. En 1921, soit vingt-trois ans après sa mort, le père Charbel continue à fournir aux fidèles croyants la même quantité de sueur sanguinolente. Les médecins qui l'examinent encore constatent qu'il semble transpirer comme tout un chacun. En 1927, on décide de donner le repos à la sainte dépouille : — Nous allons l'installer dans un cercueil de bois recouvert de zinc. (à suivre...)