Résumé de la 2e partie n Constatant que l'étrange lumière persiste, on décide d'ouvrir la tombe du père Charbel dont le corps est intact et duquel suinte un liquide sanguinolent... A ses côtés, nous déposerons un cylindre de zinc dans lequel sera glissé un rapport de tous les faits constatés. C'est le professeur Jouffroy de la faculté de médecine de Beyrouth qui rédigera ce document. Ensuite, les frères creuseront une excavation dans le mur de la crypte et le cercueil y sera déposé, isolé du sol par deux pierres. Nous l'inclinerons au cas où la sueur sanglante continuerait à se manifester. Et nous refermerons cette nouvelle tombe hermétiquement. Ces instructions sont suivies à la lettre. Le mur qui bouche la tombe fait 1,50 mètre d'épaisseur. Désormais, nul n'est plus admis à s'émerveiller devant la sainte sueur. Jusqu'en 1950. Comme d'habitude, un groupe de pèlerins se presse devant le mur derrière lequel le père Charbel repose depuis cinquante-deux ans... — Regardez, on dirait que du liquide suinte du mur ! — On appelle en hâte le supérieur du couvent. Le père El Michmichani a depuis longtemps rejoint l'âme du père Charbel. Aujourd'hui, le supérieur est le père Younès qui arrive en courant : — On dirait un liquide rosé. J'espère qu'à l'intérieur le cercueil est encore en bon état. Nous allons ouvrir la tombe pour constater ce qu'il en est. A l'intérieur, la situation est troublante : cinquante-deux ans après la mort du père Charbel son cercueil continue à laisser sourdre un liquide qui ressemble à du sang. On ouvre ce cercueil et on procède à l'état des lieux : «La sueur continue à couler. Les vêtements du père sont en partie pourris. Le fond du cercueil en bois est, lui aussi, pourri. Le cercueil de zinc est en partie fendu. Tous les vêtements sont imbibés, de cette sueur qui a un aspect séreux. Cette sueur s'est solidifiée sur différentes parties du corps. Le corps du père est toujours aussi souple. On met le saint père (comment l'appeler autrement ?) dans un nouveau cercueil. Deux ans plus tard, en 1952, sous la pression de la ferveur populaire, on le ramène à la lumière pour une exposition publique pendant dix-huit jours... De nouveaux médecins examinent la dépouille incorruptible et... y perdent leur latin. Dans leurs rapports, ils avouent avoir constaté là un phénomène inexplicable et, disons-le, miraculeux. Ils se livrent à des calculs : — En supposant que la dépouille du père Charbel ne produise qu'un seul gramme de sueur par jour, en comptant le nombre de jours depuis sa mort, etc. Bref, ils arrivent à calculer que le père Charbel aurait, au minimum, produit près de vingt kilos de sueur depuis sa mort. Or, il doit bien en exsuder plus d'un gramme. D'où provient cette centaine de kilos de sueur sainte ? Sueur sainte : on arrive au point crucial de l'histoire. Certains fabriquent déjà des médailles. Mais voilà qu'une Libanaise, torturée par des convulsions et des pertes de connaissance, tombe dans le coma. Quand elle reprend connaissance, elle dit avoir vu le père Charbel qui lui a recommandé, «si elle est croyante», de se frotter la nuque avec l'huile qui va suinter d'une des médailles fabriquées par les marchands du temple. La malheureuse condamnée par les médecins, obéit. Et elle guérit. La médaille miraculeuse, désormais, ne cesse de produire une huile que les Libanais se disputent. Après plus de cinquante ans d'examens et de procès, le père Charbel est devenu, en octobre 1977, le premier saint libanais. Il avait prédit au siècle dernier que «les prières de ses fils sauveraient le Liban qui serait progressivement libéré des invasions étrangères.»