Ne les enterrez pas trop vite, car ils risquent de vous revenir sur le visage et à l'écran dans deux ans. Eux, ce sont les Zuma, Chabangu, Van Heerden, Mphela, Piennar, Mokoena et autres Moenneb, entraînés par un certain Carlos Alberto Parreira, venus en stage pratique au Ghana en prévision du Mondial-2010 qui se déroulera dans leur pays, l'Afrique du Sud. Hier, les Bafana Bafana ont, certes, perdu pied devant les Tunisiens de Roger Lemerre et n'ont plus leur destin entre les mains pour passer le premier tour, tout comme le Sénégal d'ailleurs qu'ils rencontreront lors du dernier match du groupe C, mais ils ont laissé les prémices d'une sélection qui va encore progresser et monter en puissance pour être fin prête dans deux ans lorsqu'elle aura à accueillir le plus grand chapiteau footballistique du monde. Il faut savoir que sur les vingt-trois joueurs que Parreira a embarqués avec lui pour le Ghana, sept seulement évoluent en Europe, un en Israël alors que le reste, soit quinze éléments, vient du pays avec une moyenne d'âge relativement jeune. Ce qui veut dire que Parreira est en phase de (re) construction d'une sélection et a volontairement privilégié l'option locale avec des appoints venus des clubs professionnels européens. L'Afrique du Sud, on en parle déjà en ce moment au Ghana. Sous les rythmes du Shosholoza, le fameux chant des mineurs sud-africains que reprennent les joueurs d'Orlando Pirates, à la manière du Haka néo-zélandais, avant leur entrée sur le terrain, et les supporters dans les tribunes, certains ont déjà commencé à se projeter sur l'événement qu'accueillera pour la première fois une terre d'Afrique. La terre de toutes les richesses, avec cette variété de paysages, de brassages des cultures et de traditions, de modes de vie. Divers peuplements humains l'ont occupée tour à tour au cours des millénaires. Une Afrique du Sud qui offre tous les extrêmes : du noir au blanc, en passant par l'asiatique ou le métis, comme elle passe des hautes forêts et mangroves tropicales aux montagnes enneigées, steppes, savanes et déserts. Dans son ventre ou à la surface, les richesses sont immenses, une somme qui fait de ce pays une civilisation unique. Et malgré les incohérences et les insuffisances, notamment organisationnelles, que Ghana-2008 a révélées aux yeux de ses invités, les Sud-Africains, eux, rassurent : leur Coupe du monde sera réussie et leur produit sera bien moussé. «Elle sera réussie comme celle de 2006, en Allemagne, mais différente», comme l'aura dit Abedi Pelé, l'ex-star des Black-Stars du Ghana et l'un des ambassadeurs de cette Coupe du monde. Le président sud-africain Thabo Mbeki, bien branché football, trouvera une autre belle phrase pour établir le parallèle entre la fameuse victoire inespérée de l'Allemagne au Mondial-1954 et l'Afrique du Sud-2010 : «Frantz Beckenbauer a dit que Rhan, le buteur du miracle de 1954, avait rendu service à l'histoire de l'Allemagne. Qu'elle lui a redonné toute sa place dans la communauté mondiale. Je suis convaincu que la Coupe du Monde-2010 fera la même chose pour nous». Nous, Africains, vibrons déjà à l'idée de voir six nations du continent prendre part pour la première fois au rendez-vous planétaire du ballon rond, de voir les dix stades des neuf villes, y compris dans les nouveaux stades en construction aux noms enchanteurs de African-Renaissance-Stadium (68 000 places) au Cap, de Nelson-Mandela-Stadium (50 000 places) à Port-Elizabeth, du King-Senzangakhona Stadium (70 000 places) à Durban et du Mbombela-Stadium (40 000 places) à Nelspruit. Rien que ça ! Alors rêvons déjà et dansons le Shosholoza.