Réaction n Les professionnels de la santé ont appelé à de plus gros efforts en matière de lutte non seulement contre la cigarette mais aussi contre «la mafia du tabac». «Trop, c'est trop», c'est ce que nous a répondu le Pr Nafti, chef du service de pneumologie de la Clinique des maladies respiratoires au CHU Mustapha d'Alger, jeudi en marge d'une Journée sur la lutte antitabac organisée par l'association El-Badr d'aide aux malades atteints de cancer pour nous décrire l'ampleur des dégâts causés par le tabac en Algérie. «La cigarette fait des ravages chez nous, les dégâts sont considérables : 15 000 morts annuellement, 3 000 cas de cancer du poumon, 5 000 accidents cardiovasculaires.. C'est trop», insiste le professeur dénonçant les demandes des étrangers pour investir dans le tabac. «Il faut que l'Etat sévisse ! on laisse les étrangers investir sur le dos de la santé des Algériens. c'est inconcevable ! Nous voulons influer sur les pouvoirs publics pour que tous les produits toxiques (alcool, tabac...) n'entrent pas chez nous. Même la contrebande devrait être stoppée par une loi stricte, a-t-il ajouté. Les professionnels de la santé chapeautés par des professeurs de grande renommée sont du même avis et ont appelé, lors de cette journée, à de plus gros efforts qui devraient se faire en matière de lutte non seulement contre la cigarette, mais aussi contre «la mafia» qui la commercialise et l'introduit chez nous illicitement ou à travers des publicités mensongères pleines de tromperies sur le vrai contenu mortel d'une cigarette. Ce qui exige, selon nos spécialistes, une urgente mobilisation des scientifiques, de l'Etat et de la société civile pour lutter efficacement contre cette «pandémie industrielle» comme ils l'ont si bien qualifiée. Pour ce qui est du coût des maladies, il n'est pas inutile de rappeler que la prise en charge à 100% d'un cancéreux du poumon, selon le Pr Bouzid, chef de service d'oncologie médicale au Centre Pierre-et-Marie-Curie (Cpmc) d'Alger, coûte à l'Etat 250 millions de centimes et le malade finit généralement par mourir». «Un malade sur deux meurt de cancer la 1re année et ne reste vivant jusqu'à 5 ans qu'un malade sur 20», nous a-t-il déclaré. Pour sa part, le président de la Société algérienne d'oncologie, le Pr Soltane, considère le tabac comme une maladie à traiter et se désole de voir que certains malades cancéreux continuent de fumer. Cet élément, selon le Pr Mekhloufi du service de pneumologie au CHU Mustapha, agit, en plus, sur le sang par la diminution des globules blancs et des défenses, réduit les performances, multiplie par 34 fois le risque de l'infarctus du myocarde chez la femme, augmente le risque de l'impuissance de 37% et à 96% chez l'homme, s'il est associé à d'autres pathologies (tension, diabète...). Les médecins ont enfin expliqué que le cancer tue actuellement un sujet sur sept et réduit l'espérance de vie de 7 ans. Ils avertissent de l'apparition de 27 maladies imputables directement au tabac et qui se résument, selon le Dr Bachir Chérif du service de médecine interne et cardiologie au CHU de Blida, en des maladies chroniques et des cancers.