Danger n 50% de la drogue transitant par l'Algérie, sont consommés dans le marché local, selon les dernières statistiques dont dispose le ministère de la Santé. Pays de transit, l'Algérie devient un pays de consommation de drogue. Les chiffres de l'année 2007 sont effarants : 5 000 toxicomanes recensés. 16,5 tonnes de kif traité et plus de cinq millions de psychotropes types «madame courage» saisis par les services de sécurité. Le marché local consomme 50% des quantités de drogues qui transitent par l'Algérie et qui sont en principe destinés au marché extérieur. Plus grave encore, la toxicomanie se propage chaque jour un peu plus dans le milieu féminin avec l'usage effréné du cannabis et des psychotropes. Les participants au séminaire national de la lutte contre la toxicomanie, qui se tient depuis hier à l'Institut national de la santé publique (INSP) avaient suffisamment d'arguments pour tirer la sonnette d'alarme. Prenant le premier la parole, le ministre de la Santé et de la Réforme hospitalière, Amar Tou annonce l'hécatombe : «50% de la drogue qui transite par l'Algérie, sont consommés dans le marché local. Il y a des années seulement ce taux ne dépassait guère les 5 ou 10%. C'est dire que l'Algérie, qui était jusque-là un pays de transit pour les trafiquants, est devenue réellement un pays de consommation.» Le cannabis et les psychotropes type «madame courage» viennent en tête de peloton des drogues qui atterrissent en Algérie, même si l'héroïne et la cocaïne commencent à avoir droit de cité en quantité minime tout comme d'ailleurs l'existence tout aussi minime de culture de champs de cannabis (chanvre indien) dans certaines régions du pays. Face à cette catastrophe, l'Etat, prévient le ministre, continuera de mener la guerre aux narco-trafiquants, avec un grand dispositif offensif le long des frontières, mais jouera aussi à fond la carte de la cure de désintoxication, un créneau longtemps délaissé selon bon nombre d'experts en la matière. Ainsi, la lutte passera, de l'avis de M. Tou par la création de 185 cellules d'écoute à travers le territoire national. Des cellules qui auront comme principale tâche, dira-t-il, de sensibiliser les différentes couches de la société et notamment les adolescents qui, préviennent les spécialistes, sont les plus exposés. La lutte passera aussi par la création à l'horizon 2009 d'une cinquantaine de centres dits intermédiaires, appelés à prendre en charge les consommateurs de drogues qui débutent à peine leur mésaventure avec la drogue et enfin une quinzaine de centres de désintoxication et ce, pour alléger le fardeau qui pèse sur les deux seuls centres de cure existant en Algérie, celui de Blida et celui de Sidi Chami (Oran). Mais en attendant, une recommandation a été donnée à toutes les structures sanitaires pour réserver un nombre conséquent de lits aux toxicomanes.