Phénomène n Alors que la lutte antitabac a porté ses fruits dans les pays occidentaux, la consommation a doublé dans les pays émergents (dont l'Algérie), ce marché juteux qui remplacera celui des pays développés. La consommation du tabac est passée, selon le professeur Terkmane, premier vice-président de l'Association d'aide aux cancéreux de Blida et président du Conseil régional de l'ordre des médecins de la même ville, de 131 181 millions d'unités (cigarettes) en 1995 à 212 788 millions en 2000. Elle a même été la cause du détournement de certaines terres agricoles et de la déforestation, selon lui. Ce qui explique, pour lui, les intérêts économiques liés au tabac «et la mobilisation des scientifiques et de la société civile dans la lutte contre le tabagisme», a-t-il repris dans son intervention lors d'une journée antitabac organisée la semaine dernière à Blida. «Un paquet de cigarettes par jour c'est 100 DA l'équivalent de 10 pains et de 3000 DA par mois. Imaginez ceux qui fument plus de 2 paquets par jour. C'est coûteux pour la poche mais surtout pour la santé», nous a indiqué le Dr Moussaoui, président de l'association El-Badr d'aide aux cancéreux de Blida, à travers un petit calcul. «Bien que les spécialistes aient bien démontré qu'un fumeur sur deux d'un paquet par jour meurt d'une maladie liée au tabac, en Algérie on dépense trois fois ce que rapporte la taxe sur le tabac qui réduit, selon les spécialistes, l'espérance de vie de sept ans». Les médecins avertissent de l'apparition de 27 maladies imputables directement au tabac et qui se résument, selon le Dr Bachir Cherif, du service de médecine interne et cardiologie au CHU de Blida, dans des maladies chroniques et des cancers qui touchent tout le corps. En parallèle, on estime que presque 80% de la mortalité due au tabac auront lieu dans les pays à faible ou à moyen revenu dès 2025, soit huit millions de décès par an selon des études. Les individus sous-estiment donc les risques et ne connaissent pas toutes les maladies causées par le tabac. Des dizaines de milliers de jeunes commencent à fumer très tôt. En outre, les dissertations faites pendant des années sur les dangers du tabac n'évoquaient que la responsabilité du consommateur omettant celle de l'industrie du tabac. Aujourd'hui, et depuis environ une dizaine d'années, s'opère un changement de l'opinion envers ce fléau planétaire. Les gens finissent par comprendre que le tabac est le problème de toute une société et qu'il faut combattre les tactiques de l'industrie du tabac. Cependant, la convention-cadre de lutte contre le tabagisme (Cclt), l'unique traité de santé publique entré en vigueur en 2005 en tant que consensus international venu réguler le comportement d'une telle industrie dont des lois et mesures sur le prix et les taxes, l'interdiction de publicité, des lieux publics sans fumée, les informations sur l'emballage, sur l'avertissement sanitaire, la lutte contre la contrebande n'est pas vraiment appliquée, selon les médecins.