Rendez-vous n C'est aujourd'hui que s'ouvre à l'auditorium du théâtre de verdure le colloque international portant sur le thème «Théâtre, cité et citoyenneté». S'étalant sur deux jours, ce colloque auquel prendront part universitaires et professionnels du 4e art, a pour objectif de réfléchir à l'exercice théâtral en termes de citoyenneté ; autrement dit : le théâtre est un acte social qui prend forme, se pratique et se déploie dans un cadre urbain et défini par les comportements sociaux, c'est-à-dire au sein même de la cité. Cela implique différents faits relevant de l'histoire, de la sociologie, de la philosophie et même de la politique autour desquels s'articule le théâtre. Le théâtre en rapport avec la ville est alors une fonction et a une utilité sociale. Il sert à éduquer l'individu et à lui inculquer les valeurs de la citoyenneté. Il se trouve néanmoins que le théâtre, tel qu'il se pratique chez nous, est loin de s'inscrire pleinement dans cet engagement ; la raison de ce désengagement est que l'individu, notamment l'enfant n'est pas impliqué dans l'exercice théâtral et, du coup, il y a négligence du rôle fondamental du théâtre : l'éducation – le théâtre revêt un rôle important dans la vie de l'enfant, notamment du point de vue didactique et éducatif. Généralement, le théâtre est fait par et pour les adultes. Rares sont les enfants qui sont impliqués dans l'action théâtrale. Très peu de travaux relatifs au théâtre sont réalisés d'ailleurs dans ce sens. La plupart s'avèrent, cependant, de piètres productions, car, s'agissant d'une simple expression de divertissement, elles ne remplissent pas cette fonction sociale. La pratique théâtrale se fait avec réserve, prudence et, parfois avec une certaine frilosité ; et sans un théâtre pour enfant, un théâtre composé, orienté et conçu comme étant un outil pédagogique dans l'éducation et l'enseignement, cela retarde effectivement la naissance et le développement de la citoyenneté chez l'enfant. Celle-ci apparaît flou, évanescente, insaisissable, voire opaque et incompréhensible. Ainsi, l'enseignement de la citoyenneté et des valeurs de la cité commence, d'abord chez l'enfant et à l'école. L'école a pour devoir de créer un programme scolaire visant à inculquer à l'enfant les vertus thérapeutiques, éducatives et socialisantes du théâtre. Le théâtre d'un point de vue pédagogique aide à développer une meilleure diction et à enrichir son expression langagière, il aide également l'enseignement des connaissances comme l'enseignement gestuel, il aide à développer son comportement envers soi et à l'égard de la société, comportement l'aidant, plus tard, à opérer des choix civiques favorables au développement de la cité. L'école doit alors initier au sein même des classes des expériences théâtrales en vue d'inscrire l'enfant dans un environnement social et, du coup, lui permettre, plus tard, lorsqu'il sera adulte, d'imaginer un espace où il sera apte de construire une pensée, la sienne, en rapport avec la ville, donc d'acquérir une citoyenneté. Ainsi, créer une dynamique théâtrale, la développer en vue de soutenir l'enfant à construire des projets d'avenir, se révèlent, à coup sûr, nécessaire pour une meilleure assimilation des valeurs de la citoyenneté. l Le rôle important du théâtre au sein de la cité et son impact dynamique sur l'individu ont été vite assimilés par les anciens grecs, puis par les Romains plus tard, d'où l'inscription d'un théâtre dans chaque cité. Le citoyen algérien n'est pas impliqué dans l'action théâtrale. D'abord, parce que l'individu n'est pas initié au 4e art dès son jeune âge, notamment à l'école, c'est pour cette raison, et donc en l'absence d'une éducation théâtrale, que le théâtre est d'emblée assimilé, dans la mentalité algérienne, à une excentricité, à un fait burlesque. Et, ensuite, parce qu'il y a très peu de théâtres. Les seuls espaces dignes d'une représentation théâtrale relèvent du legs colonial. Jusqu'à nos jours, et cela depuis l'indépendance, aucune initiative n'a été prise pour doter chacune de nos villes d'une infrastructure à la hauteur du 4e art. Certains théâtres, à l'exemple du théâtre de Guelma, sont fermés. Ceux hérités de l'époque romaine sont à l'abandon.