Résumé de la 5e partie n Haroun Rachid est acclamé par la foule après avoir réussi à désarçonner les autres cavaliers qui, piqués dans leur orgueil, rappellent au roi leurs réussites dans les deux précédentes épreuves... C'est à ce moment-là que Haroun Rachid, déclara : — Je suis Lagraâ Boukercha ! C'est moi le grand sultan Haroun Rachid (et Dieu Seul est Grand). J'ai vécu auprès de vous les sept années de malheur prescrites à mon destin par la volonté d'Allah. Et la pauvreté n'a été pour moi qu'une petite épreuve à côté de la cruauté des humains. Vous m'avez humilié et je ne pouvais rien dire. Aujourd'hui que mon destin est accompli, me voici dans ma tenue de Sultan devant vous. Ô hommes aveugles ! L'homme que vous voyez là est le même que Lagraâ Boukercha le miséreux. Seul l'aspect extérieur a changé. — Prouve ce que tu dis, crièrent les six fiancés. — Celui qui a obtenu le lait de la lionne : c'est moi. Celui qui est allé chercher les pommes du jardin de «Alia Bent Mansour qui habite au-delà des sept mers», c'est aussi moi. — Prouve ce que tu dis, dirent encore les autres, sûrs d'eux. C'est alors que Haroun Rachid sortit de son sac les sept phalanges des petits doigts et les sept lobes d'oreilles et déclara : — Monseigneur, demande à tes futurs gendres de montrer leurs doigts et leurs oreilles et tu découvriras qu'ils me les ont échangés contre le lait de la lionne et contre les pommes. Le Sultan constata la vérité et comprit que ses futurs gendres n'avaient ni le courage, ni la sagesse, ni la noblesse de celui que sa fille aînée avait choisi envers et contre tous. Les mariages furent célébrés et l'aînée des princesses retrouva son honneur. Des jours heureux s'écoulèrent et un matin, Haroun Rachid quitta le pays en promettant de revenir avec la dot. Il entama le long voyage du retour. Il chevaucha, chevaucha et s'arrêta un jour pour se reposer. Assis sur le bord d'un oued, il réfléchissait en regardant l'herbe au soI. Soudain, son regard fut attiré par un poil qui sortait de la terre. Curieux, il tira sur ce poil et fut stupéfait de voir émerger du sol sa mule avec les deux coffres d'or que la terre avait engloutis tant d'années plus tôt. Le Sultan rendit grâce à Dieu et soupira en murmurant ces mots : — Comme c'est étrange ! Ki trouh tgatte s-snasel, ki tji tjib-ha sacra ! Lorsqu'elle (la fortune) s'en va, elle brise des chaînes, lorsqu'elle revient, il suffit d'un poil. (à suivre...)