Votre enfant n?est ni trop gâté ni mal élevé. Mais il a besoin de vous dire non et de tester vos limites pour se construire. Reste à savoir comment affronter ses humeurs... Votre enfant fait des caprices et, pour vous, c?est l?angoisse totale ! A chaque crise, le doute vous assaille : «Suis-je trop laxiste ?», «Trop sévère ?», «Mon enfant est mal élevé, je ne suis pas une bonne mère», «Si je cède, il me mènera la vie dure»... Et vous redoutez par-dessus tout le regard réprobateur de votre belle-mère, des amies ou de la voisine. Rassurez-vous : tous les enfants font des caprices, et c?est normal, affirment les psys. Qu'est-ce qu?un caprice ? C?est la manifestation, chez l?enfant, d?un désir impérieux, soudain, qui ne rencontre pas l?approbation du parent. Le scénario se déroule en trois temps : l?enfant exprime une envie ; les parents lui disent «non» ; le petit, pas content du tout, pique une grosse colère. Pourquoi font-ils des caprices ? Deux grandes «lois» régissent le psychisme de tout un chacun : le «principe de plaisir», processus selon lequel l?individu cherche à satisfaire ses envies ; le «principe de réalité», qui nous contraint à différer ou à modifier nos désirs pour tenir compte de la réalité. Or que découvre l?enfant lorsqu'il fait un caprice ? Tout simplement qu?il ne peut pas prendre ses désirs pour la réalité. Il a envie d?un yaourt à la fraise, mais il n?y en a pas dans le frigo ; il ne veut pas quitter le jardin public, mais c?est l?heure de la fermeture ; il refuse de mettre son manteau, mais dehors, il pleut... A la différence de l?adulte, l?enfant ne dispose pas des éléments d?analyse lui permettant d?appréhender la réalité. Le caprice est aussi la confrontation au désir de l?autre. L?enfant se voit comme le centre du monde. Mais lorsqu?il grandit, il découvre que ses proches ont parfois des désirs différents des siens. Par ailleurs, l?enfant a besoin de s?opposer à ses parents pour s?affirmer en tant que sujet. Cette phase du «non» est très constructive pour lui. Il exprime une pensée «à lui», des désirs «à lui», des émotions «à lui». Plus inquiétant serait un enfant totalement sage et obéissant. Il aurait alors renoncé à son désir propre pour se conformer à celui de ses parents. L?enfant a aussi besoin d?éprouver la solidité du parent, de sentir des limites. Aussi va-t-il les tester pour savoir jusqu?où il peut aller... A quel âge commencent-ils ? C?est vers 18 mois-2 ans, avec ses premiers «non», que le petit commence à faire des siennes. Pas avant. Un nourrisson qui pleure dans son berceau ne fait pas un caprice, il exprime un besoin : celui de manger, d?être changé, pris dans les bras ou câliné. A quel âge finissent les caprices ? Parfois jamais... Cependant, les psys considèrent que l?âge de raison marque une étape. A 7 ans, l?enfant a intériorisé un certain nombre de règles sociales et de valeurs morales. Il devient plus à même d?accepter les exigences de la réalité. Au-delà de cet âge, les conflits se déplacent sur d'autres registres. Les sorties, les copains ou la cigarette remplacent le gâteau au chocolat et la voiture rouge. Comment réagir ? En essayant d?abord de comprendre. L?enfant qui a une réaction insolite a toujours une raison de l?avoir. Il ne veut plus avancer dans la rue : peut-être aurait-il préféré d?autres chaussures ; peut-être marche-t-on trop vite ; peut-être ne veut-il pas aller de ce côté-là... Ne sachant pas toujours exprimer son envie avec des mots, le garçon ou la fillette rouspète, grogne, hurle... A vous de déterminer les limites que vous souhaitez fixer à votre enfant. Mais, lorsque vous lui dites «non», expliquez-lui toujours pourquoi. Le rôle du parent est de traduire la réalité Si le petit trépigne, laissez-le exprimer sa colère. Evitez les petites phrases sournoises du style : «Tu es ridicule de te mettre dans un état pareil...», «Arrête de pleurer !», «Tu n?as pas honte ?» Dites-lui plutôt : «Je comprends que tu sois furieux, mais là, je ne peux pas faire autrement, je ne suis pas d?accord avec toi.» Accepter et accompagner l?enfant dans cette émotion, c?est le reconnaître en tant que personne à part entière. C?est aussi l?aider à apaiser son chagrin. Car une bonne colère, ça libère ! Lorsque l?enfant est plus grand, vous pouvez revenir «à froid» sur ce qui s?est passé. A 2 ou 3 ans, il vit dans l?instant présent, mais vers 6-7 ans, il peut prendre du recul. Montrez-lui que, vous aussi, vous êtes pris dans des limites. Car, du haut de ses trois pommes, le petit voit le «grand» comme un personnage tout-puissant, qui lui dit à quelle heure se coucher, ce qu?il doit manger, lui interdit de traverser la rue tout seul ou de jouer avec un couteau... L?enfant aussi veut avoir son mot à dire ! Si vous lui montrez que vous-même ne faites pas toujours ce dont vous avez envie, il pourra davantage accepter les limites que vous lui imposez. Expliquez-lui que vous vous achèteriez bien cette jolie robe en vitrine, mais que, hélas, votre porte-monnaie ne vous le permet pas. Laissez-lui, le plus souvent possible, une marge de décision. Enfin, surveillez-vous. Vos enfants vous admirent et c?est à vous qu?ils s?identifient en premier. A bon entendeur, salut !