Situation n Avec seulement deux rotations quotidiennes, l'une réservée aux voyageurs et l'autre au fret, le transport ferroviaire, est réduit actuellement à sa portion congrue dans la wilaya. En déclin depuis une quinzaine d'années, il ne traite, depuis novembre 2007, selon la cheftaine de la gare de Béjaïa, Mme Rachedi, que 75 000 voyageurs et 80 000 tonnes/an de marchandises, après avoir assuré dans les années 1990, 300 000 passagers et 150 000 de tonnes de fret/an. Concurrencé par la route, soumis à diverses turpitudes et contraintes, notamment les travaux de renouvellement de l'unique voie qui relie Béjaïa à Béni-Mançour, lieu de correspondance avec les grandes lignes nationales, il a, après plusieurs décennies de «monopole», perdu de sa superbe. «Le déclin a été progressif puis s'est exacerbé ces trois dernières années du fait du retrait de la circulation de plusieurs trains», a expliqué, à cet égard, Mme Rachedi, précisant que «jusqu'en 2001, nous assurions 12 rotations dont 4 directes sur Alger. Désormais, on ne fait circuler qu'un seul train, avec entrée en gare à Béjaïa, le matin à 8h 00 et retour sur Béni-Mançour à 16h 30». La ligne d'Alger a été «tout simplement abandonnée», a-t-elle ajouté non sans une pointe de tristesse, en ayant une pensée particulière pour le mythique B.152 : un train ouvrier qui, chaque matin et soir, faisait le bonheur de dizaines de travailleurs en poste dans l'Algérois, mais qui depuis 2004, a été astreint à la mise en gare. Ces retraits, visiblement motivés par des considérations de rentabilité, ont laissé, en fait, un grand nombre de voyageurs sur les quais, qui n'ont eu d'autre choix que de recourir aux réseaux de transport routier. A fortiori, la concurrence est rude depuis le «boom» des fourgons de transport de voyageurs, qui, non seulement sont de plus en plus nombreux, mais arrivent même à «faire du porte-à-porte», contrairement au train, tenu de passer par des gares de moins en moins attractives et éloignées des localités desservies, estimera-t-elle. A ses yeux, il y a difficulté, dans ces conditions, à «opérer des améliorations» d'autant que, parfois, «il y a des trains qui roulent presque à vide», se désole-t-elle. Selon certains, la désaffection du public est due essentiellement à l'état de vieillissement du matériel roulant et des prestations fournies. «Ce n'est pas le confort du TGV», ironise, Mouloud, un habitué de la ligne Béjaïa - Sidi-Aïch, qui, malgré tout, reste fidèle au rail pour des motifs de sécurité. «Avec le train, on est sûr d'arriver à destination», fait-il valoir, relevant cependant que «l'état des trains est tout à fait primaire». «Les fauteuils rembourrés ont disparu et ont été remplacés par des sièges en plastique rigide, la climatisation y est absente et les portes ne se ferment jamais. De plus, on est régulièrement caillassé de l'extérieur, alors qu'à l'intérieur des wagons, il arrive qu'on subisse le diktat de voyous, encouragés à commettre des forfaits, du fait du nombre réduit des voyageurs», déplore-t-il, concédant que «l'habitude a atténué la colère».