Résumé de la 1re partie n Des années après la chute de la monarchie et au nom de la république, de nombreux tombeaux de rois sont profanés... Vingt-trois ans plus tard, Louis XVIII, arrivé sur le trône, estime qu'il est temps de remettre les rois de France «en ordre» et fait rouvrir les tombeaux pour y ranger les restes, qui sont un peu en vrac. Henri IV n'était pas resté debout le long du pilier pendant vingt-trois ans, il avait dû être remis en tas avec d'autres dépouilles royales. Toujours est-il qu'au moment de remettre le «Vert Galant» dans une sépulture décente, on s'aperçut qu'il manquait... sa tête. Il n'était d'ailleurs pas le seul, trois rois avaient perdu leur chef dans le désastre. On pense qu'en 1793 quelqu'un les avait prélevés pour en faire un moulage. D'autres estiment que certains royalistes auraient profité des événements pour soustraire certaines reliques à la vindicte publique. Pendant cent ans, on n'y pensa plus. Jusqu'au jour où, le 31 octobre 1919 exactement, lors de la vente de la succession d'une certaine madame Nallet-Poussin, peintre et sculpteur, on propose une tête momifiée qui passe pour être celle du bon roi Henri. Elle est vendue à un amateur pour... 3 francs. Aussi incroyable que cela paraisse, elle n'a pas provoqué d'intérêt, de curiosité de la part des pouvoirs publics, ni de la part des royalistes... Il faut dire qu'on était en 1919, il s'était passé tant de choses dans les quatre années précédentes... Et ensuite, qu'en fait l'acheteur ? Il s'agit d'un certain Bourdais, antiquaire à Dinard. Complètement passionné par son achat, il passera le reste de sa vie à essayer d'accumuler des preuves de l'authenticité de sa tête. En 1930, il fait publier une petite brochure intitulée Pourquoi et comment fut tué Henri IV. Il reprend, si l'on peut dire, le problème à la base, mais à la manière d'un amateur plus passionné que méthodique. Il publie de nombreuses photos du chef royal. Personne ne semble intéressé. M. Bourdais décide alors de venir s'installer à Paris, et vers 1935, à Montmartre, place du Tertre, il ouvre une petite échoppe avec une enseigne en lettres gothiques, où il reçoit, moyennant finances, les curieux qui veulent contempler la tête momifiée. Mais cette relique ne fait pas courir les amateurs. Pourtant le musée Grévin, de 1936 à 1939, emprunte la tête pour en faire des moulages qui serviront à créer le personnage en cire du «Vert Galant». On expose alors la tête momifiée à côté de sa réplique en cire. M. Bourdais n'a accepté qu'à une seule condition : qu'on place à côté du Navarrais non pas une «poule au pot», mais, plus étonnant, une croix de la Légion d'honneur créée, comme on le sait, par Napoléon Ier... 1939 : la guerre éclate et M. Bourdais reprend sa tête, pour l'offrir... au Louvre, qui la refuse, comme de bien entendu... Et quand M. Bourdais meurt, en 1947, c'est sa sœur qui hérite de ses meubles, de ses antiquités... et de la tête. On racontait, quelques années plus tard, que la tête était roulée dans un linge au pied du lit de la sœur, et que celle-ci la sortait pour les grandes occasions. Aujourd'hui, la question se pose différemment : depuis bientôt cinquante ans, sans doute la sœur a-t-elle rejoint son frère dans un monde meilleur. Mais a-t-elle eu, elle aussi, des héritiers ? Des Bourdais ? Et qu'est-ce qui rendait M. Bourdais si sûr de l'authenticité de sa relique ? (à suivre...)