Résumé de la 2e partie n Schunck est stupéfié d'entendre qu'il y a encore des gens qui peuvent momifier des cœurs de la seigneurie et de les revendre… Schunck demande où est à présent Drolling. Mais il est trop tard : «Ce cher Drolling est mort récemment, en 1817. Forcément, il était parvenu à l'âge vénérable de soixante-cinq ans. C'est pourquoi je peux vous affirmer qu'en vingt-quatre ans, il avait eu largement le temps d'utiliser tous ses tubes de momie. Il n'en possédait plus...» Saint-Martin, sans doute plus sensible que Drolling, avoue qu'il a utilisé une partie du cœur de Louis XIV pour obtenir les «merveilleuses transparences» qu'il recherchait. Mais il ajoute : «J'en ai utilisé fort peu. Et quant au cœur Louis XIII, je n'y ai pas touché. Il s'agit d'un paquet enveloppé de linges jaunâtres. Une petite médaille est encore accrochée. — J'aimerais beaucoup voir cette relique ! — Hélas ! mon pauvre monsieur, je l'ai gardée long temps à portée de main. Et puis je l'ai rangée. Mais je ne sais plus où. — Ne l'auriez-vous pas jetée ? — Au grand jamais. Ni jetée, ni vendue, ni donnée. Elle est encore chez moi. Mais regardez autour de vous. Excusez le désordre. Je vais chercher un peu dans tout ce fouillis. Avec un peu de chance... — Accepteriez-vous de me céder ce que vous n'avez pas utilisé du cœur de Louis XIV ? — Eh bien... je l'ai payé relativement cher à Petit Radel. Si je m'en sépare, j'aimerais rentrer dans me frais. — Puisque j'ai votre accord de principe, je vais voir ce que je peux faire.» Schunck se met alors en rapport avec l'intendant de la Maison du roi, qui transmet la proposition à Louis XVIII. «Pour vous prouver que l'affaire mérite l'attention de Sa Majesté, je suis tout disposé à lui faire don de la plaque que j'ai acquise à la vente Petit-Radel.» Quelque temps plus tard, la réponse royale arrive. Louis XVIII, qui a le culte de ses ancêtres, accepte de négocier le cœur de son aïeul. Il se montre bon prince puisque M. Saint-Martin reçoit de Sa Majesté une ravissante tabatière en or. En échange, le peintre promet de remuer tout son fouillis pour y retrouver le cœur de Louis XIII. C'est Schunck qui recevra, un an plus tard le précieux dépôt. Saint-Martin se sent près du tombeau et dans un ultime effort, il restitue le cœur vénérable, tel qu'il l'avait décrit, avec bandelettes et médaille. Schunck apporte lui-même la relique à la Maison du roi. Divers membres de la noblesse, qui l'ont connu avant la Révolution, signent le rapport qui conte l'histoire de la momie royale. Ils lui délivrent par là un certificat de loyalisme à la cause légitimiste. La momie est replacée à la basilique de Saint-Denis. Mais pour ceux qui sont amenés à la contempler, il s'agit d'un objet dont l'aspect n'évoque en rien la forme d'un cœur. Alors on se dit que les restes des autres cœurs, transformés par le pinceau de Drolling, sont bien quelque part. Mais où ? Drolling n'a pas laissé un tel nom qu'on ait suivi toutes ses œuvres à la trace. On connaît pourtant un de ses tableaux, conservé au Louvre. Le titre n'a rien de majestueux ni de royal : il s'agit d'un Intérieur de cuisine. A moins qu'on ne puisse déceler la trace de la momie dans d'autres œuvres du musée de Strasbourg. Mais si vous voulez contempler le vrai visage du peintre, il est exposé au musée des Beaux-Arts d'Orléans.