En avançant des critiques particulièrement acerbes, les familles sinistrées ont visiblement pris les devants menaçant de recourir à des rassemblements et à des grèves de la faim devant le siège de la wilaya d?Oran. En effet, cette ultime démarche, qui survient après l?interruption de la grève de la faim des familles sinistrées de Bir El-Djir, exprime la colère et le désespoir des sinistrés qui ne peuvent plus supporter leurs conditions de vie de plus en plus difficiles. «On ne peut pas faire autrement. Comment voulez-vous qu?on vive sous des tentes pendant tout ce temps, avec nos enfants», affirme un père de famille au bord des larmes. Dans ce contexte, plusieurs familles, qui comptent des hypertendus, des cardiaques et des malades chroniques, recasées provisoirement, ont effectivement vu leur état de santé se détériorer. «Je suis asthmatique et j?ai été hospitalisé à plusieurs reprises en urgence, à cause du froid glacial et de l?absence d?hygiène qui sévissent dans ce camp de toile», se plaint cet autre père de famille «recasée» dans une école désaffectée de Sidi Chahmi. Au chapitre des opérations de relogement, des familles résidant dans des immeubles menaçant ruine, des statistiques officieuses font état de 267 relogements sur un nombre de 473 familles sinistrées, officiellement recensées à Oran, dira un responsable sous le couvert de l?anonymat. Ainsi, 206 familles n?ont pu être relogées et continuent de vivre le martyre, parquées n?importe où n?importe comment à Ras El-Aïn, Sidi El-Bachir, les Planteurs, Sidi Chahmi, Sidi El-Houari? Au camp de toile de Bir El-Djir, les familles sinistrées originaires de Belgaïd et de Sidi El-Bachir ont catégoriquement rejeté l?«aide» de 50 000 DA octroyée par les autorités locales. «C?est ridicule et insultant. Autant mourir que d?accepter cette obole. Nous sommes à bout, on ne croit plus personne barakat !», dit cette mère de famille désespérée. Dans ce contexte, 54 chefs de famille du camp de toile de Bir El-Djir ont affiché leur intention de demeurer unis et de ne pas accepter le «marchandage des autorités locales». Et d?ajouter : «Aujourd?hui, les autorités locales veulent nous obliger à quitter le camp de toile sans contrepartie ; mais nous restons ici et refusons toute forme de chantage de l?administration.» Pourtant, la sonnette d?alarme a été tirée à maintes reprises par les responsables locaux du comité du Croissant-Rouge algérien devant la gravité de la situation. «Notre devoir est d?assister les familles sinistrées, médicalement et matériellement. Notre action se limite donc à la prise en charge, selon les dons en notre possession», nous explique-t-on.