Résumé de la 3e partie Jens est amnésique, il souffre d?une idée fixe : la peur qu?on le tue. A présent, il est capable de décrire un visage. Grâce à cela, la police peut dresser un portrait-robot de l?agresseur, mais qui va dormir encore longtemps dans les archives. Un autre jour, Jens a seize ans, il est apprenti chez un commerçant. Un journal traîne sur le comptoir. Il lit un gros titre : «Un enfant sauvagement agressé a été découvert sur les quais du port. Il est mort sans avoir pu parler.» Jens a un vertige. Sa mémoire éclate à nouveau, et une petite image en sort, floue, qui se précise peu à peu. On le traîne dans la terre, par les cheveux, il se débat, il cogne lui aussi avec quelque chose, il ne sait pas quoi. Au-dessus de lui, un visage blanc et grimaçant, des yeux noirs cernés. C?est le visage, le visage? Il le voit bien maintenant. Et, mieux, il se rend compte de la ressemblance avec l?homme qu?il a cru reconnaître. Ce n?est qu?une ressemblance, effectivement. Les traits de son agresseur sont plus durs, les yeux plus noirs et plus fixes. Il ne les oubliera plus à présent. Ce visage diabolique est gravé dans sa tête. Il devient une obsession. Alors, Jens se met à scruter les gens dans la rue, à observer tout le monde. Il cherche son assassin, obstinément. A dix-neuf ans, il voit au loin un homme habillé de noir, qui marche sous la pluie. L?homme porte un chapeau, et Jens se précipite à sa rencontre, et sa mémoire s?entrouvre à chaque pas. Il ressent les coups, sur chaque cicatrice. Il voit un bras armé d?un énorme gourdin de bois rugueux, il se tortille sous les coups, il s?entend hurler à l?intérieur de lui-même. Quand il arrive face à l?homme, il a revu toute la scène, jusqu?à son évanouissement définitif, et une douleur vrille son crâne, insupportable. «Excusez-moi»? dit-il à l?homme. Ce n?est pas lui. Ce n?est pas son visage? Le 18 février 1968, Jens a vingt-cinq ans. L?agression date de douze ans, mais il n?a toujours pas oublié le visage. En douze ans, on a parlé de plusieurs crimes, commis sur des enfants ou des adultes. Voici le dernier, qui date d?aujourd?hui. Un petit garçon, Gérald, est mort, roué de coups, comme Jens il y a douze ans. Mais cette fois, des témoins ont vu monter l?enfant dans un Volkswagen verte. Ils ont décrit vaguement le personnage : un nez long et droit, des sourcils épais, un menton écrasé. Jens court à la police, le commissaire le connaît bien maintenant, il l?écoute : «C?est lui, commissaire. Je suis sûr que c?est lui. Donnez-moi le portrait qu?on a fait. Regardez : les gens ont vu ça, le nez, les sourcils, le menton. Moi, je m?en souviens aussi, et les yeux surtout, les gens n?ont pas vu les yeux. Moi je les ai vus. Si vous rapprochez mon dessin du leur, c?es t lui : ce sont les mêmes oreilles un peu décollées.» Le commissaire Gesler a maintenant devant les yeux, dessiné par un spécialiste, un portrait définitif. Il se lève, prend son manteau et, accompagné de Jens, va consulter le ficher central, car on ne sait jamais. L?homme a pu être arrêté pour un délit quelconque et relâché. Ce genre de fou ne passe pas éternellement au travers du filet.( à suivre...)