Prévalence n L'enquête la plus récente révèle qu'une algérienne mariée sur dix est victime de violences. Les résultats de cette enquête soulignent, en somme, que le phénomène est non négligeable puisque près d'une algérienne mariée sur dix subit des violences physiques. L'enquête en question nous apprend aussi que 16% sont fréquemment frappées, enfermées ou mises à la porte. Et deux femmes sur dix sont souvent insultées. La même enquête révèle que 31% d'entre elles sont menacées de répudiation et même d'assassinat. Cette violence, définie par Slimane Medhar, sociologue et chercheur, comme, étant «un moyen d'organisation et de gestion du facteur humain», n'est, en fait, que la conjugaison de plusieurs facteurs psychologique, culturel et économique ayant contribué à fragiliser encore plus la situation vulnérable des femmes. A ces facteurs, déjà complexes, viennent se greffer d'autres aussi compliqués que confus. En effet, le constat désespérant de la situation des femmes victimes de violence met à nu l'inefficacité des dispositions mises en place et qui contrastent le plus souvent avec les moyens les mettant en œuvre. A ce titre, il est important de parler du code de la famille et son incapacité à protéger les victimes, ainsi que le manque flagrant de structures d'accueil avec une prise en charge complète sur le plan psychologique, administratif et juridique. Les agresseurs se voient ainsi confortés dans leur droit d'exercer la violence au vu des témoignages infiniment modestes de solidarité et l'indifférence de certaines institutions étatiques. Inutile de parler, dans ce sillage, des conséquences dramatiques qui découlent de cette situation aussi bien pour les femmes que pour les enfants. Cette masse de violence, dont on parle plus ou moins fréquemment, faut-il aussi le rappeler, est la violence physique. Pourtant, celle-ci n'est qu'un aspect de cette brutalité qui, compte tenu de son apparence, ne peut rester invisible. Nous sommes en droit de nous interroger, dès lors, sur le sort de toutes ces femmes qui portent des fardeaux de violence moins visibles (humiliations, insultes, menaces…). Ceci dénote l'ampleur du phénomène et la difficulté de le cerner avec précision. La stratégie nationale de la lutte contre la violence à l'égard des femmes se veut, face à cette situation dramatique, un cadre général d'intervention afin d'assurer une meilleure prise en charge des victimes. Ce dispositif repose sur des plans d'action spécifiques et planifiés dans le temps et sera défini dans les différents départements ministériels, les institutions concernées et la société civile. Parmi les mesures prises pour l'appui et la mise en œuvre de cette stratégie, nous pourrons citer l'installation du comité directeur de la Commission nationale de lutte contre la violence à l'égard des femmes (Cnlvcf), l'élaboration d'un plan d'action sectoriel par domaine et sous-domaine d'intervention, la finalisation du budget de la stratégie nationale et ce, pour chaque secteur. Et enfin, la mise en place d'un système de suivi et d'évaluation.