Une femme algérienne sur dix vivant en couple est victime de violences physiques avec fréquence répétée ou tous les jours. Cette violence se manifeste par des coups, l'enfermement et la mise à la porte. Ces violences physiques sont celles enregistrées au cours des douze derniers mois et constituent les résultats de l'enquête nationale de prévalence de la violence à l'égard des femmes en Algérie, réalisée en 2006 auprès de 2000 ménages, dont une femme prise au hasard par ménage âgée entre 19 et 64 ans. L'échantillon représente 54% des femmes mariées et 33% sont célibataires. 63% d'entre elles vivent dans des régions urbaines contre 37% en milieu rural. Quant à leur situation professionnelle, 20% sont des fonctionnaires alors que la moitié n'a jamais travaillé. Cette étude initiée par le ministère chargé de la Famille et de la Condition féminine et réalisée par le Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (CRASC) dont les résultats ont été présentés hier par Mme Mimouni, renseigne sur l'ampleur de ce phénomène qui ne cesse d'augmenter au sein de la société. Elles sont donc 9,4% d'Algériennes âgées entre 19 et 64 ans, vivant en couple, à subir des violences physiques répétées durant les douze derniers mois. Cette violence représente 6% dans l'espace public, 12% dans le milieu du travail. Quant aux violences verbales (insultes) dans le couple, deux Algériennes sur dix (19,1%) subissent des insultes avec une fréquence répétée ou tous les jours. Les pressions psychologiques sont également recensées lors de ces douze mois avec une moyenne de trois Algériennes sur dix, soit 31,4% des Algériennes vivant en couple. Elles font exclusivement référence à imposer le silence, quitter le lit conjugal, menace de répudiation, menace de la quitter, menace de la jeter à la rue, menace de la battre, menace de la tuer, menace de se tuer avec une fréquence de tous les jours. La violence sexuelle au sein du couple est aussi enregistrée. L'étude a montré qu'une femme sur dix subit des rapports sexuels forcés. Concernant la violence au sein de la famille, les résultats de l'enquête ont révélé que près de deux femmes sur dix (16%) sont fréquemment insultées, souvent ou tous les jours, et elles sont cinq femmes sur 100 à subir fréquemment des violences physiques, souvent ou tous les jours. Ces violences dans l'espace public sont, en fait, moins importantes selon l'étude avec un taux de 6,3% pour la violence physique, suivie de la violence verbale 6%, atteinte sexuelle 5% et violence sexuelle (0,6%). Les auteurs de ces violences dans la famille sont généralement la fratrie de la femme, la fratrie de l'époux, les mères et les pères. Conséquences sur les enfants Dans le couple, le conjoint est auteur de toutes ces violences. En milieu professionnel, ce sont les clients et les collègues de travail qui sont incriminés, souligne l'enquête en ajoutant que les violences en milieu public proviennent, généralement, de personnes inconnues. Les conséquences néfastes de ces violences sur les enfants et la santé des femmes violentées sont très importantes selon cette même étude. Les enfants de femmes victimes de violences ont deux fois plus de problèmes que ceux qui ne vivent pas cette violence, d'avoir un échec scolaire et sombrer dans la délinquance. Les mères violentées et humiliées finissent pas avoir de sérieux problèmes de santé suite à la prise de psychotropes et de tranquillisants. Elles souffrent de troubles du sommeil et alimentaires. Selon l'étude, parmi les femmes ayant subi des violences physiques, 48% ont des troubles alimentaires contre 34% chez les femmes non violentées. Elles sont 63% à avoir des troubles du sommeil et 75% ont consulté au moins un médecin. « La violence contre la femme est un phénomène mondial », conclut l'enquête en soulignant que 16% des Algériennes font l'objet de violences durant toute leur vie, contre 34% en Egypte, et 27,9% en Allemagne. Selon Nouara Djaâfar, ministre chargé de la Famille et de la Condition féminine, les résultats de l'enquête incitent à « redoubler d'efforts afin de faire changer certains comportements et pratiques », et d'ajouter qu'elle servira de base pour la mise en œuvre d'une stratégie nationale relative à la violence contre les femmes, élaborée en collaboration avec plusieurs départements ministériels dont celui de la santé, des affaires religieuses et de la solidarité nationale, qui sera présentée fin janvier 2007.