Exposition Les Emissaires, ce sont ces artistes femmes qui, après avoir exposé dans le cadre de l?Année de l?Algérie en France au siège de l?Unesco en février 2003, présentent leurs créations, cette fois, au Bastion 23. Elles sont sept : Rachida Azdaoui, Lynda Messad, Hamida Chellali, Amina Menia, Mounia Lazali, Mouria Labbaci-Medjaï et Akila Mouhoubi, ces femmes qui inscrivent leur présence dans leurs créations et se définissent par rapport à l?art qu?elles exercent et qui relève littéralement de cette action dynamique et permanente de rompre avec les vieux schémas, c?est-à-dire avec l?expression traditionnelle. C?est donc une exposition collective d??uvres d?art contemporain invitant immédiatement l?observateur à réfléchir non seulement sur chaque objet exposé, donc sur l?inspiration créatrice de chacune des artistes, mais aussi sur la sémantique de l?objet d?art. D?emblée, l?observateur averti peut repérer une certaine ressemblance entre les ?uvres exposées. Ce qu?il y a de commun, en effet, c?est «la rupture avec les stéréotypes d?un art qui serait féminin, ne se sacrifiant plus au culte du signe ou de l?arabesque. Les ?uvres unissent tous les éléments du langage de l?image contemporaine», explique Nadira Laggoune-Aklouche, commissaire de l?exposition. Toutes les créations plastiques exposées au Bastion 23, qu?elles soient peintures ou sculptures-installations, constituent un prolongement de la pensée de chacune des artistes et, du coup, résument en formes et en couleurs, en reliefs et en perspectives leurs regards dirigés sur le monde, ainsi que leurs émotions qui s?expriment en filigrane. D?ailleurs, toutes sont traversées par une espèce de passion intense, fébrile. Une expression fougueuse, entraînant le «moi» vers un dépassement de soi, en quête de ce qui peut l?aider à s?accomplir. Effectivement, chacune des artistes cherche à se réaliser et se réalise en conséquence dans ses ?uvres, dans ce monde fait à l?image de son mental, de son imaginaire fortement démonstratif et qui cristallise sa personnalité psychologique. L?on parle en terme de psychologie parce qu?elles s?emploient, par le biais du langage plastique, à dire leur sensibilité, leur comportement, leurs impressions et leurs rêves. Elles disent leur existence, qu?elles pensent puis repensent d?une idée à l?autre, d?une option à l?autre, pour aboutir à une définition personnelle. En effet, elles se définissent et se situent en fonction du lieu du «dit» qu?est l?espace plastique. «Ces artistes n?ont rien à prouver, si ce ne sont la capacité et la volonté d?être, de créer, résolument tournées vers elles-mêmes et vers le monde, vers de nouveaux concepts?», explique la commissaire de l?exposition.