Résumé de la 18e partie n Un autre expert, le professeur Truffert, demande à prendre la parole : il a des révélations importantes à faire. Le 1er avril 1954, il vient à la barre. — On peut affirmer sans ambiguïté aucune que si on découvre de l'arsenic dans les cheveux d'un cadavre, cela ne signifie nullement qu'il ait été introduit de son vivant ! Le procès est encore reporté, mais à la différence des deux premiers, Marie Besnard fut remise en liberté provisoire. Mais le tribunal demande une caution de un million deux cents mille francs. — Je ne dispose pas de cette somme ! dit-elle. Le chanteur Charles Trenet propose aussitôt de la payer pour elle. Elle refuse. On met tous ses biens et ceux de son mari sous séquestre, mais cela ne suffit pas. Ses amis et ses cousins de l'Allier réunissent deux cent mille francs, et la cour doit se contenter de cette somme. Marie Besnard est enfin libre ! Elle retourne à sa maison de Loudun. Les nouvelles expertises vont durer sept années ! Le 17 juillet, les nouveaux experts déposent leurs rapports. On sait qu'en 1954, six des cadavres dont la mort a été imputée à Marie, avaient été écartés. Des sept qui restent, le nouveau rapport n'en retient qu'un seul, à cause des doses massives d'arsenic qu'il contient. Il s'agit du cadavre de la mère de Marie. Le procès a lieu avec les mêmes acteurs que les précédents. On écoute le professeur Kohn-Abrest qui a maintenant 81 ans. Il parle de chiffres et de rigueur scientifique et il commence à impressionner les jurés. Mais la défense lui rappelle ses errements. — Vous nous avez dit que la rigueur des chiffres est capitale dans une cour de justice ! — Oui, dit le professeur. — Dans les organes de madame Davaillaud que vous avez analysés, vous avez donné des chiffres différents : 16, 32 et 48 mg… Et que lisons-nous dans le rapport final : 90 mg… Dans un autre rapport, on lit même 160 mg… — Comment expliquez-vous cela ? — Je ne sais pas ! La réponse provoque du bruit dans la salle. La partie civile prend la parole pour demander au professeur s'il a examiné les cheveux de Léon Besnard. — Oui, dit le professeur. Maître Gautrat demande la parole. — Ah, oui, parlons donc des cheveux de Léon Besnard… Lorsque des prélèvements ont été faits, sous le contrôle du professeur Piédelièvre, celui-ci a dit qu'il n'y avait pas de cheveux dans les bocaux ! — Il y avait des poils ! — Erreur : des poils de la poitrine, du pubis et du cuir chevelu, mais pas de cheveux ! le 3 avril 1952, on dresse le procès-verbal de l'ouverture des bocaux, et il n'est pas question de cheveux… Puis, on dresse des tableaux des quantités d'arsenic trouvées dans le corps de Léon Besnard et voilà que les cheveux apparaissent ! Le professeur, troublé, répond que par «cuir chevelu», on entend souvent cheveux (à suivre...)