Scène n Le tango est depuis jeudi à l'honneur à Alger et ce, pendant une quinzaine de jours. Pour inaugurer la quinzaine, un spectacle de chant, de musique et de danse tango a été donné, jeudi, à l'auditorium du théâtre de verdure. C'était un récital animé par un orchestre composé de cinq musiciens au piano, à la contrebasse, au violon, à la guitare et à l'accordéon, et présenté par deux couples de danseurs : Orlando Dias et Delphine Carole Zink, et Marcelo Ramer et Selva Mastroti. Tous deux ont présenté de belles compositions chorégraphiques, toutes élégantes, sensuelles et furtives. Les deux couples se présentaient sur scène à la fois comme danseurs et comme comédiens, car le tango se révèle manifestement comme étant un jeu de scène. Il y a une mise en situation d'une histoire, d'un comportement et notamment de rapports entre l'homme et la femme : ils se rencontrent dans un café, se regardent, partageant ainsi les mêmes sentiments, les mêmes impressions, puis ils s'approchent l'un de l'autre, se tiennent par la main : l'homme prend délicatement la femme par la taille, comme s'il s'agissait d'un corps fragile et précieux, et la femme le prend par l'épaule ou enroule tendrement sa main autour de son cou. L'un en face l'autre, presque collé à l'autre, ne se lâchant plus du regard, ils entament langoureusement leur périple dans un espace qu'ils s'approprient. Ils le recréent, en dessinant, çà et là, des parcours et des configurations, par les pas qu'ils exécutent, pas sûrs, souples et aussi bien feutrés que subreptices. Ainsi, en observant les danseurs et leurs mouvements, l'on se rend compte que ce sont les pas qui attirent l'attention du public, pas soignés et soutenus. Car tant dans sa splendeur que dans sa volupté, le tango se révèle également une écriture appliquée de l'espace. Une calligraphie de pas qui, dans un élan de désir et de fascination, crée des mouvements chargés de sensualité. Le tango, transcendant toute existence matérielle, s'arrachant de la pesanteur de l'espace, s'avère aussi une danse à forte charge émotionnelle et sensuelle. Cette sensualité est perceptible dans la façon dont les danseurs se tiennent : tous deux, l'un dans l'autre, forment une seule entité corporelle. Elle est également visible dans leur façon de se regarder, regards fixes, s'épanchant de passion, de volupté, de lascivité. Cette sensualité, une jouissance corporelle, est rendue sensible grâce à une musique qui, accompagnant, guidant élégamment les pas des danseurs, parvient à l'ouïe dans un mouvement lent, tendre et langoureux. C'est une musique effectivement nonchalante et à sensations qui éveille en chacun des sensations, profondes et languides. Enfin, il est à rappeler que la quinzaine du tango est une manifestation artistique initiée par l'Etablissement Arts et Culture en étroite collaboration avec l'ambassade de la République d'Argentine à Alger.