Après une accalmie qui a duré, à peine, quelques mois, la flambée des prix et la spéculation viennent de gagner à nouveau le marché des matériaux de construction. Avec le niveau qu'elle vient d'atteindre ces dernières semaines, la tension qui plane sur le marché local nécessite de tirer la sonnette d'alarme en urgence. Faute de quoi, ce sont les multiples projets de construction lancés dans les secteurs du logement et des travaux publics qui risquent d'être compromis. En l'espace de quelques jours seulement, le rond à béton se négocie autour des 10 000 dinars le quintal sur le marché de détail au centre du pays. Un sac de ciment, quant à lui, vient d'atteindre le pic fatidique des 500 dinars. Ainsi, en moins d'une année, le prix du rond à béton vient d'enregistrer une augmentation qui dépasse les 60%, après avoir été fixé à moins de 4 000 DA/quintal; celui du ciment, de son côté, vient d'enregistrer une augmentation qui dépasse les 100% dans certains cas. Cette situation n'a pas manqué, d'ailleurs, de susciter un sentiment d'embarras dans les milieux des entreprises de réalisation, des promoteurs immobiliers ou des constructeurs privés. L'inquiétude que provoque de plus en plus la tension sur le marché des matériaux de construction a été exprimée,hier, par un entrepreneur qui vient de s'engager pour la réalisation de plusieurs projets de logement au centre du pays. "Avec les prix qui sont appliqués ces derniers jours pour le ciment ou le rond à béton, notre entreprise ne va pas tarder à mettre la clé sous le paillasson ", a-t-il déclaré. "La situation est d'autant plus compliquée du moment que ni, les promoteurs, qui nous ont confié ces chantiers, ni les vendeurs de matériaux de construction qui nous approvisionnent ne veulent comprendre les contraintes que provoquent ces flambées", ajoute-t-il. En tout cas, la flambée subite que connaissent les matériaux de construction incitent souvent les entreprises de réalisation à exiger la révision à la hausse des prévisions préalablement établie et de leurs offres financières. Chose que les promoteurs immobiliers ou les tutelles des projets lancés refusent dans la majorité des cas. Tel que la donne a été expliquée par les acteurs du secteur, la flambée actuelle est conjoncturelle et liée à la période qui est propice à la relance des chantiers, comme cela arrive à l'orée de la saison printanière de chaque année. Sinon, "comment expliquer ces augmentations des prix alors qu'il n'y a aucunement pénurie de ces produits ? ", se demande le chef d'une entreprise de réalisation. Ceci n'est pas moins pertinent lorsque l'on sait qu'en matière du ciment, à titre d'exemple, la production nationale est suffisamment bien placée pour couvrir les besoins exprimés par la demande locale. C'est le même constat qu'il y a lieu de dresser pour ce qui est du rond à béton, dont la production locale et les importations, avec leur fréquence, doivent répondre théoriquement à la demande nationale. Il est, en définitive, urgent pour les pouvoirs publics interviennent de réinstaurer la stabilité sur le marché des matériaux de construction afin que des projets d'envergure comme celui d'un million de logements ou les vastes chantiers d'infrastructures de base, ne tombent pas dans le drame de l'échec.