Comment expliquez-vous la flambée des prix des produits alimentaires dans le monde ? ll Je crois que cela est dû à plusieurs facteurs, les plus importants étant la diminution de l'offre en raison du changement climatique, le boom de la consommation que connaissent les pays émergents tels l'Inde et la Chine et l'utilisation des produits agricoles tel le maïs pour la production de biocarburants. Tout ceci a engendré une forte demande de consommation. C'est donc la loi de l'offre et de la demande qui a prévalu… ll Oui, les prix ont augmenté dès que la demande a dépassé l'offre. S'il y avait une offre suffisante, les cours n'auraient pas atteint de tels seuils. Cette situation va-t-elle perdurer ? ll Tout ce que je peux dire, c'est que les choses ne vont pas changer à court terme au vu, entre autres, de l'engouement que suscite un peu partout dans le monde, l'utilisation des produits agricoles à des fins énergétiques, pratiquement tous les pays s'y mettent, entraînant une forte demande sur le maïs et le colza. Qu'est-ce qu'il y a lieu de faire alors, selon vous ? ll Il faudra peut-être mettre en place une charte mondiale stipulant noir sur blanc que les produits agricoles doivent être réservés à l'alimentation humaine en premier lieu. Aussi, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) est tenue de prendre des mesures à même de faire baisser les prix de sorte à éviter le recours systématique à la production de biocarburants. Et si de telles mesures ne sont pas prises, que risque le monde ? ll Les conséquences pourraient être très graves pour l'humanité, deux milliards de personnes à travers le monde pourraient être touchées par la famine. Mais nous n'en sommes pas encore là, fort heureusement. Il est à espérer que la conférence de haut niveau qu'organisera la FAO du 3 au 5 juin prochain à Rome autour de la question de la sécurité alimentaire mondiale et des défis du changement climatique et de la bioénergie, apportera des solutions concrètes à ce problème crucial. En ce qui concerne l'Algérie, quelles sont les mesures à prendre face à cette flambée ? ll A mon avis, il est temps que les Algériens changent leurs comportements de consommation. Il faudra qu'ils se mettent à manger les légumes de saison, par exemple, en lieu et place des légumes secs dont le prix ne cesse d'augmenter. Il est plus que nécessaire aujourd'hui de consommer tout ce qui est produit localement. *Expert-consultant en agronomie