Stratégie n Omar Bouazouni, chercheur au Cread, affirme que les investissements arabes seront caducs en matière de transfert de technologies s'ils sont destinés au tourisme. Pour les pouvoirs publics qui commencent à désespérer d'attirer un jour les ténors de l'industrie mondiale, chaque dollar qui viendrait alléger, quelque peu, le lourd fardeau du chômage et booster la croissance économique, serait le bienvenu. Quitte à faire des concessions supplémentaires, même si le code des investissements algériens, de l'avis même d'experts «neutres» est l'un des plus souples dans la région, si l'on met de côté les lourdeurs bureaucratiques et certaines lacunes qui persistent au niveau des douanes et des établissements financiers. D'autres voix s'élèvent cependant pour faire remarquer que les capitaux venus du Moyen-Orient ne sont pas dirigés vers l'industrie, seul secteur garant d'un développement réel et durable et surtout, un vecteur incontestable du transfert de technologie. Mis à part le complexe d'aluminium de Béni Saf – qui n'est pas négligeable certes –, les arabes se sont focalisés jusque-là sur l'immobilier et surtout, le tourisme. Même le président de l'Union des Chambres arabes de commerce et d'industrie, le libanais Adnane Kassar, n'a pas caché, lors de son passage au Forum économique d'Alger, sa préférence et celle des investisseurs arabes pour le secteur du tourisme. L'opérateur qui a déjà investi dans le marché bancaire algérien en créant une filiale de l'établissement financier Françabank, semblait particulièrement intéressé par le secteur du tourisme qui offre, selon lui, d'immenses opportunités inexploitées. En citant des exemples de réussite de par le monde, il a exhorté les autorités algériennes à suivre la voie tracée par les Egyptiens et les tunisiens. Avant lui, plusieurs autres opérateurs arabes ont fait part de leur intention d'investir le créneau. Si, à première vue, le secteur du tourisme paraît comme une opportunité certaine pour le pays, ce n'est pas l'avis de certains économistes qui estiment que les IDE injectés dans le tourisme ne valent que par les emplois qui seront créés et les sommes récupérées par le Trésor public sous forme d'impôts et de taxes. Omar Bouazouni, chercheur au Cread, est de ceux qui pensent que le tourisme n'apportera rien en matière de transfert de technologies. «Contrairement aux usines de production qui voient leurs installations renouvelées et modernisées régulièrement en fonction des innovations technologiques, les infrastructures touristiques restent les mêmes pendant des décennies. Il ne peut, donc y avoir de transfert de technologies.» L'économiste va plus loin et affirme qu'il ne faut pas se laisser berner par l'exemple de la «réussite» de la Tunisie qui engrange, aujourd'hui, quelques milliards de dollars de l'activité, mais qui a, peut-être, perdu beaucoup plus en contrepartie dans d'autres secteurs comme celui des ressources en eau (les touristes étant de gros consommateurs d'eau…), même si, reconnaît-il, «l'impact ne peut pas être mesuré.» Cela dit, les investissements arabes en Algérie demeurent «les bienvenus» pour notre interlocuteur pour peu qu'ils viennent en «complémentarité» avec l'investissement local. Autre point auquel il faudrait faire attention selon M. Bouazouni : certains investissements dans le domaine des services qui, en offrant des salaires disproportionnés à leurs employés, créent une inflation qui pénalise de larges couches de la population.