Bilan n C'est aujourd'hui, mercredi, que le Salon prendra fin. Il a été prolongé d'une journée vu, selon les organisateurs, l'afflux des visiteurs. La 7e édition du Salon national du livre, un rendez-vous livresque organisé conjointement par le Syndicat national des éditeurs du livre et la Bibliothèque nationale, devait être clôturé hier, mardi. La raison, de son prolongement, évoquée par les organisateurs est que le Salon a drainé un public de plus en plus nombreux et du coup, estiment-ils, ce salon a été une réussite. Un avis qui reste cependant à discuter. La plupart des exposants ne partagent, en effet, nullement cette appréciation. «L'afflux était plutôt calme», estime une représentante des Editions Chihab pour qui cette présente édition – comme d'ailleurs les précédentes – ne semble pas avoir suscité autant d'intérêt que de curiosité. «Cette présente édition, a expliqué la représentante des éditions Chihab, a été manifestement organisée dans l'urgence. C'est par réaction au salon de Paris – Israël est l'invité d'honneur – que l'initiative d'en organiser un a été entreprise où la Palestine est l'hôte d'honneur. Il faut savoir aussi que la date de la tenue du salon n'est, depuis sept années, pas fixée. Elle est continuellement variable.» Ainsi, les organisateurs n'ont toujours pas encore trouvé de date appropriée à la tenue du Salon national du livre. Tantôt juste après le Salon international du livre d'Alger, tantôt un mois avant l'été, et parfois au hasard, en plein milieu de l'année… Le Salon passe alors d'un calendrier à l'autre, cherchant sa place dans l'agenda national. Son organisation demeure fortuite, voire aléatoire. Cela explique certainement l'absence d'un public régulier et fidèle. S'exprimant sur l'ambiance du salon, une responsable des Editions ENAG a déploré l'absence réelle du public. «C'est mort», a-t-elle soupiré. Et d'ajouter : «C'est encore mort lorsqu'il s'agit des ventes. Et pourtant, on a affiché des réductions de 20 à 50%.» «L'essentiel, c'est que nous sommes présents à ce salon, et en tant que maison d'édition, c'est quelque chose», a-t-elle toutefois précisé. «Il n'y a pas de public, il y a plutôt des visiteurs, ils ne viennent pas acheter – ou plutôt rares sont ceux qui s'intéressent aux livres – mais ils sont là à flâner, à feuilleter les livres seulement par curiosité», explique une représentante des Editions Dahlab. Le représentant des Editions Berti, pour qui la programmation n'est pas adaptée au calendrier fixé par les organisateurs, a, quant à lui, exprimé une profonde déception. «Ce n'est pas fameux», a-t-il regretté. Il a déploré, en outre, l'absence de communication. «Les organisateurs n'ont pas assez promu le Salon qui n'est pas suffisamment médiatisé. Cela fait que l'information ne circule pas.» Ainsi, les participants à ce salon qui a débuté le 12 mars et auquel a participé une soixantaine d'éditeurs avec en tout 3 000 titres, regrettent la manière dont s'est tenue cette 7e édition, et ce, malgré certaines évaluations attestant, comme chaque année, de la réussite du salon. l Force est de constater que le Salon national du livre peine – depuis sept années – à s'inscrire dans un cadre d'organisation professionnel. Si l'on compare cette présente édition avec celles des années précédentes, on relève qu'il n'y a aucune différence. C'est le même décor, la même ambiance et les mêmes observations et appréciations ! Ce sont les mêmes problèmes soulevés par les participants : le livre n'intéresse plus le public, en raison de son coût élevé. «On finit par se lasser de répéter et de rabâcher le même discours chaque année», ont unanimement relevé les exposants. Et d'ajouter : «Un salon du livre n'est pas là pour régler les problèmes inhérents au livre, car sa vocation est de faire connaître le produit, l'édition et de maintenir un lien, voire une communication entre les différents acteurs du livre, allant de l'auteur au lecteur et en passant par l'éditeur et le libraire.» Les organisateurs, et compte tenu des lacunes fréquentes, semblent alors préférer renouveler annuellement l'édition de la fois précédente, privilégient au passage la quantité que la qualité, au lieu de réfléchir méthodiquement à une programmation concrètement avantageuse. Il est également à observer que le Salon qui a manqué d'animation et de fluidité, d'attrait et notamment de professionnalisme, a pris, comme chaque année, une allure de bazar. C'est plutôt une foire qu'un salon. Les exposants s'affairent plus à faire les comptes de leur vente qu'à faire adhérer le livre à une politique de promotion optimale.