Résumé de la 10e partie n En Europe aussi, pendant une partie du Moyen âge, la sorcellerie était condamnée, mais on n'envoyait pas encore les sorciers au bûcher. Si le magicien est censé connaître les forces occultes de la nature et les soumettre à l'homme, le sorcier, lui, est accusé d'appeler ces forces pour nuire aux autres. Aujourd'hui encore, dans les sociétés vivant de façon traditionnelle, comme en Afrique et en Australie, on recourt encore aux sorciers pour s'assurer une protection magique ou pour se venger d'un ennemi, en lui jetant un sort. Les sorciers étaient mal vus, même dans ces sociétés, mais recourir à eux était jugé légitime, puisqu'il s'agit de se défendre de maléfices. En Europe aussi, pendant une partie du Moyen âge, la sorcellerie était condamnée mais on n'envoyait pas encore les sorciers au bûcher. En l'an 800, le synode d'Irlande y fait allusion, en affirmant que la sorcellerie était incompatible avec la foi chrétienne, mais ne prononçait pas d'anathème. D'ailleurs, à l'époque, beaucoup d'auteurs considéraient que ce n'étaient que de fausses illusions et qu'il ne fallait pas y prêter attention. D'ailleurs, un texte de l'Eglise, le «Canon Episcopi», qui date de 906, reprend cette idée. On y lit, en substance que certaines femmes (curieusement on évoque plus les femmes que les hommes, dans ces histoires de sorcières), séduites par des illusions et des démons, se sont placées sous le joug de Satan, et, durant la nuit, elles chevauchent des bêtes en compagnie de Diane (la déesse de l'antiquité). Or, précise le document, tout cela n'est qu'illusion et mensonge, et les prêtres sont invités à combattre ces croyances. Ici donc, la sorcellerie est niée et il est juste demandé aux gens de ne pas croire à leur pseudo-pouvoir. Pourtant, notamment dans les campagnes, les prêtres recourent souvent aux sorcières pour retrouver un animal, pour combattre le mauvais œil, et on relate l'histoire d'un seigneur qui a fait appel à une sorcière pour provoquer la grêle et nuire à ses adversaires. Certains ecclésiastiques pensent même que ces femmes sont providentielles et peuvent servir la communauté. Au IXe siècle, la sorcellerie est dénoncée comme contraire à la foi chrétienne, par le moine Réginon de Prüm, mais il faudra attendre quelques siècles avant que ne se produise la première crémation de sorcière, à Toulouse, en 1275. Les femmes seraient particulièrement versées dans l'art néfaste de transformer les gens en animaux, de provoquer des tempêtes, de fabriquer des potions mortelles, etc. C'est que ces personnages avaient partie liée avec le démon et se comportaient selon les ordres qu'il leur donnait. D'ailleurs beaucoup de «sorcières» seront accusées d'avoir eu un commerce avec le diable et de lui chercher de nouvelles recrues : le diable, dit-on, a un grand appétit sexuel et cherche à séduire toutes les femmes, notamment celles qui sont belles ! et c'est lui qui leur donne tous leurs pouvoirs, qui les rend invisibles, qui les pousse à provoquer des maladies, à séparer les couples. Toutes les calamités et tous les malheurs qu'on ne pouvait pas expliquer leur étaient attribués. (a suivre...)