Résumé de la 12e partie n Les ouvrages contre la sorcellerie, tel le Malleus malificarum, vont entraîner la mort de milliers de femmes à travers l'Europe. Il y avait beaucoup de vieilles femmes, souvent malades et à l'esprit instable, très peu gâtées par la nature, mais aussi de jeunes femmes, souvent très jeunes et très belles ! Les inquisiteurs prenaient un malin plaisir à les interroger sur leurs relations sexuelles avec les démons, demandant aux victimes de leur donner des détails. Les malheureuses, que l'on torturait affreusement, finissaient par reconnaître leur culpabilité. Le pape Innocent VIII a réagi. En 1484, il écrit dans Summis desiderantes : «Il est récemment venu à notre connaissance certaine, non sans que nous en ayons éprouvé un grand chagrin, que, dans quelques parties de la haute Allemagne ainsi que dans les provinces, villes, territoires, localités et diocèses de Mayence, Cologne, Trèves, Salzbourg et Brême, de nombreuses personnes de l'un et l'autre sexe, oubliant leur propre salut et s'écartant de la foi catholique, abusent d'elles-mêmes avec des démons mâles et femelles et, par leurs incantations, charmes, conjurations, sortilèges, excès, crimes et actes infâmes, font périr et détruisent le fruit dans le sein des femmes.» En conséquence, le pape va charger des prêtres de se rendre en Allemagne, pour rédiger un ouvrage sur la façon de reconnaître les sorcières. Ce sera l'un des premiers livres de démonologie judiciaire, le Malleus malificarum ou le Marteau des Sorcières, un ouvrage où les deux auteurs, Jacob Spenger et Heinriche Kramer, donnent libre cours à leur misogynie, accusant la femme, d'être, depuis Eve, à l'origine de tous les malheurs du monde ! Ce terrible livre, à lui seul, va entraîner la mort de milliers de femmes à travers l'Europe. C'est un ouvrage volumineux, divisé en trois parties distinctes. La première partie est une preuve de la sorcellerie, les auteurs réfutant les arguments niant son existence et décrivant la façon à les reconnaître. Dans la deuxième partie, il est question des œuvres des sorcières et de la façon de les annuler. La troisième partie traite des procédures judiciaires à suivre contre les sorcières : les deux auteurs décrivent comment, après avoir identifié les sorcières, les arrêter, les mettre en jugement, les torturer, leur faire avouer leurs méfaits puis les condamner Cet ouvrage et d'autres relatifs à la sorcellerie ont eu le malheur, pour leurs victimes, de commencer à paraître avec l'invention de l'imprimerie, ce qui a permis de les diffuser à l'échelle européenne. D'ailleurs, huit ans après, la Bible de Gütenberg, le premier livre imprimé, apparaît un ouvrage de sorcellerie, le Fortalicium Fidei, édité en 1464. Le Malleus malificarum, a été publié en 1486 et a connu immédiatement un grand succès. C'était même un best-seller, avec 16 éditions en allemand, 11 en français, 6 en anglais et 2 en italien. C'est un ouvrage ordonné par le pape, mais qui intéresse aussi les protestants, puisque Martin Luther y fait référence. Le philosophe français, Jean Bodin, un fervent partisan du Malleus malificarum, donne l'une des premières définitions juridiques de la sorcellerie : «Quelqu'un qui, connaissant les lois de Dieu, produit des effets par la puissance d'un pacte, conclu avec le diable.» Il a écrit un ouvrage de démonologie, encore plus misogyne et plus cruel que le Mallus. Il a torturé de jeunes enfants et trouvait que les sorcières mouraient trop rapidement, sur le bûcher ! (à suivre...)