Résumé de la 15e partie n Des voix s'élèvent pour dénoncer les juges, théologiens et magistrats, et demander l'arrêt de la chasse aux sorcières. C'est dans la première moitié du XVe siècle que l'on invente la notion de sabbat maléfique au cours duquel les sorcières s'adonnent, en groupe, à leurs maléfices. C'est également, selon la croyance, qu'elles s'adonnent au diable. On a tenté d'expliquer le mot sabbat de diverses façons, en lui cherchant les origines les plus diverses (notamment, en le dérivant du verbe s'ébattre), en réalité, il provient de l'hébreu, shabbat, «samedi», jour de repos hebdomadaire des juifs, parce que les sorcières ont souvent été associées aux juifs. Les sorcières et les sorciers (ici les sexes se mêlent) se réunissaient, selon la croyance, quatre fois par an. Selon Pierre de Lancre, ces assemblées pouvaient compter jusqu'à cent mille sorciers, ce qui était sans doute exagéré. En réalité, ces réunions, si elles se tenaient vraiment, ne devaient compter que quelques dizaines de personnes, une foule trop nombreuse n'aurait pas manqué d'attirer l'attention des autorités. Une fois réunis, les sorciers commencent par rendre hommage au démon, c'est l'occasion, pour les nouveaux venus de faire leur allégeance à Satan. Selon Jean Bodin, le grand chasseur de sorcières, le diable apparaissait et s'asseyait sur un trône, puis les sorciers passaient devant lui, ils s'agenouillaient devant, puis lui donnaient un baiser. C'est l'osculum infâme, qui, selon Bodin, se faisait «sur un endroit que la pudeur interdit de nommer». Après venait le banquet des sorciers. Sur ordre de Satan, les démons dressaient des tables et apportaient des plats spéciaux. On utilisait également les nourritures apportées par les sorciers : de jeunes enfants qu'on a égorgés et des plats aux odeurs nauséabondes. Certains ont compris qu'on est allé très loin dans la répression. C'est ainsi que le jésuite allemand, Friedrich Spee, a dénoncé, en 1631, dans son Caution Criminalis, De la prudence en matière criminelle, qu'il est convaincu que les deux cents victimes qu'il a confessées et qui ont été conduites au bûcher, n'avaient rien à se reprocher ! Un autre Allemand, le médecin Wier, soutient que de nombreux sorciers sont des malades mentaux qu'il faut soigner. Il dénonce les juges, théologiens et magistrats et demande l'arrêt de la chasse aux sorcières. L'Eglise catholique met les ouvrages de Wier à l'index et les protestants les brûlent. Certaines personnes sont accusées de sorcellerie pour mieux les dépouiller de leurs biens. C'est ainsi que le 28 juillet 1645, des plaintes l'accusant de sorcellerie, sont déposées contre Catherine, femme d'Henri de Villiers. Comme la femme était riche, on a commencé par faire l'inventaire de ses biens : maisons, terres, argent liquide, vêtements. Tout est vendu pour «couvrir les frais de justice» des inquisiteurs, et le reste est empoché par le comte de Rochefort. On la soumet à la torture : elle résiste, on la soumet de nouveau et, cette fois-ci, elle avoue tout ce dont on l'accuse. Le 7 octobre 1645, elle est condamnée à mort : par mesure de prudence, en raison de son grand âge, on l'étrangle d'abord, puis on brûle son cadavre. Des cas de sorcellerie ont été signalés dans les colonies d'Amérique, mais c'est l'affaire de Salem, en Nouvelle-Angleterre, qui a défrayé la chronique. Ce n'est qu'en 1684 que l'Angleterre va abolir ces pratiques barbares. La France attendra encore plus d'un demi-siècle, en 1745, pour supprimer les bûchers, l'Allemagne en 1775, l'Espagne, en 1781, la Suisse en 1782…